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Au-dessus des normales saisonnières
dimanche 8 novembre 2015, par
J’ai fait une randonnée en vélo ce matin avec des amis. Comme j’allais vite, j’ai roulé avec un type plus vieux que moi, et nous sommes arrivés aux mêmes conclusions. Les agriculteurs sont des cons. C’est aussi la fin du monde. Et BMW a sorti le X6. Il me dit tout cela en pédalant. On double des types dans les chemins forestiers. Il n’y a plus d’animaux. Pas un insecte, pas une limace, pas un escargot. Et même si nous n’avons pas de pare-brise, je sais que c’est de notre faute.
Ce soir, il est six heures et c’est dimanche. Dehors, il fait vingt degrés. Les filles sautent dans le trampoline malgré la nuit, et les garçons jouent au foot. Le petit recopie trois fois son autodictée. Avec le grand, nous avons parlé du lycée, et du fait qu’il est sans doute nécessaire de travailler un peu plus, de lire un peu mieux, de faire des efforts, de s’intéresser à autre chose, de ne pas abandonner le Conservatoire pour ne rien regretter. Mais bon, l’impuissance remonte dans mes veines comme qui dirait pas de chance. Le gamin vit sa vie tranquillement, c’est peut-être la seule chose qui compte. A quinze ans, il faut se souvenir des soirs d’automne au-dessus des normales saisonnières.
La correspondante allemande ne pleure plus comme une madelaine, car hier soir, elle était triste. Il faut que je prépare à manger. Je regarde le bleu du ciel et cette lumière rasante très étonnante puisque, normalement, le temps devrait être nuageux. Je suis certain que nous allons vers le pire. Il fait trop chaud et nous avons trop faim, et tant d’autres aimeraient chier comme nous dans de l’eau potable, suprême luxe non questionnable à la COP 21, cette arnaque de communiquants et de lobbyistes. Il ne se passera jamais rien de positif pour sauvegarder le monde que l’on détestait, celui de l’imprévu, des sauterelles et des limaces, de ceux que l’on a perdus. Je me répète et je me le dis à nouveau, ce qui ne fait qu’accentuer la chose.
Et puis j’en ai la certitude, nous avons tué Neandertal. Et tous les autres. Et nous continuerons ainsi, au-dessus des normales saisonnières, et le monde entier nous enviera. Et nous ferons semblant, et nous communiquerons. Et quand il n’y aura plus rien, on trouvera un fautif, un coupable, un autre. C’est très simple.
Et c’est comme ça.