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Intifada Nutella™

mercredi 30 septembre 2015, par Grosse Fatigue

Parfois, je laisse les enfants regarder le journal de 2OH, sur France 2™. Je ne rêve pas : les enfants voient ce qu’on veut leur montrer. Mais je suis là pour expliquer, quand je peux expliquer.

Et quand j’entends Bernard Tapie ou Nadine Morano, ou Emmanuel Macron, ou quand je parle aux gens, j’avoue que tout cela me dégoûte. Il faut que je prenne un peu d’altitude. Je me demande pourquoi les gens ne se révoltent pas. On leur montre chaque jour des choses insensées, auxquelles mes enfants réagissent avec dégoût. Les enfants comprennent cela très bien. Papa, pourquoi un voleur réclame un milliard d’Euros à l’Etat ? Pourquoi il n’est pas en prison ?

Jolie question.

Mais pourquoi ne se passe-t-il rien ?

Parce que vers vingt heures vingt, il y a un reportage sur la pâte à tartiner, faite en Italie. On y voit une usine automatisée, une recette "de base", un taux de glucides et de lipides inimaginable, et puis, surtout, on y voit une petite famille bien française, qui teste différents pots en aveugle, pour nous dire celui qu’elle préfère.

Et là, là.

Là (valse à trois temps, accordéon, noir et blanc, transpiration). Scintillements, et chauffe Marcel....

Là, y’a la mère, qui déborde de partout, dans son mobilier sans nom, et son sourire béat. Qu’aimerait bien avoir l’air, et qu’a vraiment l’air con.

Tin tin, tin tin.

Cymbales !

Et là, y’a les enfants, élevés depuis tout petits, élevés depuis tout le temps...

A manger de la merde, et à en redemander....

Et ça fait rire le père, ah oui, ça fait rire le père.

Il en pèèèèète de joie.

Parce qu’on est chez nous, et qu’on va pas se gêner.

Non : on va pas se gêner.
Ah ça non : on est sans gêne chez nous.

Puisque c’est chez nous, et qu’on y fait c’qu’on veut.

Oui, on y fait ce qu’on veut.

On bouffe de la merde. Et si ça nous plaît, on vous emmerde.

Cymbales.

Et puis y’a pas de Frida, non, y’a personne pour rêver, chez les petites gens heureux, qui aiment le Nutella™, la télé et le football, non, y’a pas de Frida.

J’avoue que j’ai même perdu la mienne, de Frida. Et je m’aperçois, que j’en ai jamais eu, de Frida. Mathilde oui, mais Frida non.

Oui, je m’aperçois. Qu’on méritait mieux, oui, on méritait mieux. Comme mère.

Qu’on méritait mieux...... Que ça.

Tiens d’ailleurs....

La mère, ah ! La mère !
La mère de s’esclaffer : ah celle-là, elle est pas bonne, y’a pas assez de gras, y’a pas assez de sucre.

Y’A PAS ASSEZ DE GRAS, Y’A PAS ASSEZ DE SUCRE.

Vérité, vérité vraie.

Pas d’intifada au pays du Nutella™. Pas de révolte chez les bien nourris fiers de la merde qu’ils ingurgitent, et qu’ils font bouffer, avec du jambon aux algues vertes à des pauvres enfants heureux, qui sauront jamais lire, même pas en passant, Voltaire ou Maupassant.

Non Bernard, Nadine, Eric Zemmour, Macron et compagnie, dormez tranquilles, il n’y a rien à faire, il n’y a rien à craindre. Continuez à vendre du fiel, les abeilles disparaissent, mais faites votre beurre, il n’y a rien à craindre. On veut du gras, du sucre. On en rit, on se tape le ventre.

Y’A PAS ASSEZ DE GRAS, Y’A PAS ASSEZ DE SUCRE.

Pas d’intifada, pas de révolte, pas d’idée. Mourir de diabète.
Mourir de pâte à tartiner les cons.

Mourir à bouffer de la merde, à en faire la publicité.

Réveil en colère.

Il n’est que huit heures vingt ce matin.

Et.

Y’A PAS ASSEZ DE GRAS, Y’A PAS ASSEZ DE SUCRE.