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Nadine Morano expliquée au petit

mardi 29 septembre 2015, par Grosse Fatigue

J’ai un petit, il a sept ans. Il est marron. C’est comme ça qu’il est. Marron. Très vite, il s’est aperçu qu’il était marron. Son grand frère est marron aussi, mais un peu moins, et il a les yeux verts. Ses sœurs sont un peu marrons. Mais l’une est blonde et franchement claire et l’autre a de grands yeux bleus verts.

Lui, il est marron. Tout est marron en lui, les yeux, les cheveux, la peau.

Alors souvent, il s’en excuse. Un jour, une vieille m’a glissé à l’oreille "Petit bâtard" et je n’ai pas eu le temps de lui casser le crâne que, déjà, mon petit marron partait un peu plus loin en souriant.

Il faut que je lui explique qui est Nadine Morano. Car il y en a plein les rues. Il faut aussi que je lui explique que l’on s’en fout de tout cela. On s’en fout. Il faut lui expliquer que ceux qui le montrent du doigt, il sera le premier à les reconnaître... Car comme tout bon marron, il aura cette faculté sensible à reconnaître les cons et les ordures avant tout le monde. Ceux-là l’éviteront et lui feront peut-être du mal, mais avec un peu de chance, il pourra vivre avec les autres. Et les autres, il faut quand même l’avouer, il y en a beaucoup. La preuve : des marrons, il y en a de plus en plus, on croise d’autres parents dans les rues.

Mais mon fils marron, il dit parfois des bêtises, pour plaire à son copain Kévin. Parce que Kévin, il n’aime pas les noirs ni les arabes, parce que son père lui a dit qu’ils étaient gitans. Non, c’est étonnant, bien sûr, mais c’est vrai. Les gens, en général, ne s’aiment pas. Et quand ils peuvent avoir recours à ce petit héritage dérisoire qu’est la couleur de la peau et la forme du nez, alors les voilà fiers d’être quelque chose. Un raté peut toujours s’enorgueillir d’appartenir à une très grande famille.

A une époque où l’on ne sait plus faire grand-chose, où l’on est des moins que rien, où il faut surtout avoir quantité d’inutiles et de babioles, la couleur de peau reste un truc gênant, surtout pour ceux qui font tout pour bronzer l’été. Alors quand, en 2015, une politicienne parle de la race blanche alors qu’elle n’est pas américaine (c’est légal là-bas, mais les USA sont très en retard en matière de civilisation, c’est bien connu), il y a de quoi s’étonner.

Cette femme a-t-elle le bac ? A-t-elle fait des études ? Connaît-elle la pertinence du concept de race dans le domaine humain depuis que l’on a classé Néanderthal dans les Sapiens ? Mais oui Nadine, la race, on s’en fout ! Bien sûr, la culture, c’est différent. Moi, je n’aime pas les gens sans culture. J’avoue. Par exemple, les Nadine Morano : aucune culture. Voilà le problème. On peut bien discuter de la valeur d’une culture. Mais pas de la couleur de la peau. La couleur de la peau, c’est très bien comme ça.

Nadine Morano, en 2015. Oui, de quoi avoir honte.