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J’emmerde les optimistes

jeudi 18 juin 2015, par Grosse Fatigue

Et pas qu’un peu. Rien ne peut me remonter le moral autant qu’un vrai pessimiste qui me dit que, de toutes façons, on est foutu. Je voue à l’honnêteté totale un respect absolu.

J’ai encore écouté des optimistes. Fatigant.

Tous les tu t’en remettras, c’est pas la fin du monde, la biodiversité, la pollution, mais non mais non, allez, y’a des choses bien QUAND MÊME !

Non : allez vous faire foutre ! On n’a pas inventé le blues dans les intérieurs cossus des bourgeois du coin. C’est pas pour rien qu’on a de la peine quand même ! Les enfants le savent bien, à écrire des poèmes à leurs mamans, à faire de beaux dessins. Moi, je suis un peu pour la tristesse du monde que l’on nous enlève même si je sais que j’y suis pour beaucoup. Pas qu’un peu. Pour beaucoup. Je sais que mon pain est fait avec du blé enrobé de saloperie pour faire de la farine qui ne vaudra pas mieux. Je sais que le fumeur d’hier soir qui est un type formidable a quand même jeté son mégot sur le trottoir, et que ça finira par tuer la dernière baleine à avoir vu le Commandant Cousteau de mon enfance quelque part dans la mer. Je sais qu’on mange trop de viande et que la viande mange trop de tourteaux de soja et que ceux-là dévorent la forêt amazonienne pour faire la richesse de quelques propriétaires terriens aux goûts douteux des nouveaux riches. Je sais que le "e-learning", c’est complètement débile. Sophie m’a soutenu que l’on n’avait pas le choix, qu’il fallait bien faire quelque chose. Sophie, je l’adore. Mais elle exagère avec ton optimisme Sophie : tu m’entends ? Tu exagères merde ! Tu sais très bien que l’on ne veut pas que nos enfants perdent leur temps sur les écrans !

Putain de e-learning. Un truc d’optimiste. J’imagine que des milliers d’optimistes ont eu un cancer du pancréas. Un truc à croire en dieu parfois. Surtout que ce cancer-là, tu peux avoir l’argent de Steve Jobs, tu meurs quand même.

Même les optimistes meurent un jour : c’est un signe. De quoi apprendre l’humilité. Car l’optimisme, c’est la prétention. La prétention que l’on peut tout détruire puis tout réparer : la logique ultra-libérale, c’est ça. Un labo allemand fabrique les semences qui vous foutent un cancer, et, en bout de chaîne, investit massivement dans une molécule miracle anti-cancer. Un truc d’optimiste. Non merci !

Si l’on était un peu plus pessimiste, on irait tellement mieux. Mon fumeur arrêterait de fumer, les labos allemands qui fabriquaient du Zyklon-B (je ne plaisante pas, cherchez mes amis...) arrêteraient d’en mettre dans les céréales et oublieraient de provoquer des putains de cancers qui tuent des non-fumeurs, je mettrais mon diesel à la casse, on voyagerait moins, il n’y a rien à voir de toutes façons, tout est pourri partout merde. Standard, équivalent, moche, carré. Le monde est un grand centre commercial franchisé. Voilà, ça, ça te fout un vrai cafard. Alors les gens se réconfortent et se parlent. Et ça fait du bien, et tout va mieux. Non. Ça n’ira pas mieux. Non. Ça craint.