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Sociologie des sites de rencontres

mardi 26 mai 2015, par Grosse Fatigue

Je n’avais aucune intention d’y aller Dimitri. Dimitri m’a dit, "GF, essaye les sites de rencontres, tu vas pécho à mort avec ta plume !". Je croyais qu’il plaisantait.

Il plaisantait.

Sacré farceur Dimitri !

Parce que franchement, les gens de ma génération post-68 Devaquet 1986, on a quand même connu les petits traités sur la misère sexuelle en milieu étudiant ! Et moi qui ai connu la misère pendant 17 ans avec la mère de mes enfants - la misère sensuelle, affective, sentimentale mais c’est tout - je dois t’avouer que lorsque Solange, 57 ans, me dit "Coucou toi, j’ai flashé sur ton profil", j’ai eu un haut-le-coeur. Coup de pot, il n’y avait pas de photo. Mais de nombreuses Solange sont venues à l’assaut de mon cœur, en précisant bétail volontaire leurs mensurations, leurs goûts de merde, leur mobilier standardisé en arrière-plan des photos floues au flash mon beau sourire.... Mon clavier a fait les frais de ce genre de clichés, je vomissais par intermittence du spectacle, tout autant que ma carte bleue de rage, qui pour le même prix, m’aurait permis d’acheter encore un ou deux bouquins de Russel Banks par hasard. Franchement : au secours !

Et puis je suis tombé sur une fille sublime, une hôtesse de l’air, magnifique, cultivée, à la voix sensuelle, c’était merveilleux ! Je me voyais déjà atterrir à Rio en Constellation vers 1962, quatre ans avant ma naissance, sans préservatif, au son de la bossa-nova et à la couleur bleue passée, un peu comme les yeux de Joe Dassin avant sa mort.... Elle ne me promettait rien mais je m’y croyais ! C’était le renouveau ! Une hôtesse de l’air ! Le bon âge, le bon physique, la bonne parlotte ! Yes man ! Le Rasta renaît en toi !

Mais je ne suis pas allé au terminal de Roissy pour la croiser entre deux vols, à sa demande. Et puis elle n’était pas sûr que j’étais beau. Je suis beau mais mal fringué : j’aime les contrastes.

Et puis elle m’a engueulé.

Et puis on s’est réconcilié et c’est là que ça a commencé à dégénérer. Elle m’a parlé de son chien. J’ai fait contrepoids en parlant de mes enfants. Mais elle, c’était son chien. J’ai fini par vider mon Iphone™ : quarante-trois clichés de l’adorable chien. Moi, j’aime plutôt les chats... Fin d’une histoire d’amour au téléphone. Au secours. Jean-Denis m’avait prévenu : sont folles.

J’essaye maintenant d’effacer mes traces. Mais vers le soir, elles viennent en groupes de trois ou quatre, et flashent sur moi, elles ont des diminutifs idiots, des FIFO ou des FOFI, des acronymes de logistique et de hangars, des trucs de secrétaires de direction fêtant la fin de leurs règles vers le début du mois, et j’ai peur. Je vois d’ailleurs que le haut de mon écran clignote ! Encore une visite ! Et je n’arrive pas à corriger le bug qui me présente comme un garçon charmant alors que je suis un monstre et, surtout, comme un type qui désirerait une femme entre 43 et 56 ans ! Mais pas du tout !

Je ne veux rien ! Juste planter des choux ou boire un café avec une Américaine cynique mais de gauche, avec des seins fatigués mais enthousiastes, que j’aurais croisée à la librairie Shakespeare à Paris, là où je suis allé avec Valérie et ça m’a fait du bien.

Au secours !

Lectrices célibataires (pas d’emmerdes, pitié), nymphomanes (je privilégie l’enthousiasme), artistes (pas n’importe quoi quand même : as-tu un diplôme ?), jeunes (plus jeunes que moi moins cinq ans = <49-5), s’il vous plaît, si tu ne t’appelles pas Solange ou Rêvebleu, appelle-moi ! Nous irons visiter le monde dans un vieil avion, je te chanterai du Joe Dassin, où tu voudras, quand tu voudras, mais franchement : pitié !