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Injustice musicale

dimanche 26 avril 2015, par Grosse Fatigue

Hier soir avec les enfants j’ai regardé Ze Voice sur TF1. C’est surtout parce que j’adore Jennifer et que si tu lui ressembles, je te cherche, call me chérie.

C’était la finale et les gamins étaient contents. Etre content, c’est tout ce qui compte. J’ai donc écouté quatre jeunes chanter à tue-tête parce que c’est ainsi que l’on fait les stars et que l’on enterre le talent à coup de Florent Pagny, ce qui n’est pas rien. Les garages sont loin où l’on parquait une batterie deux amplis Marshall™ et trois Fender Stratocaster™ histoire de crier sa jeunesse à des parents pharmaciens. Les jeunes à tue-tête chantaient à qui mieux-mieux sans trop passer à l’octave même si c’est vraiment la mode, on passe un cran plus haut pour montrer qu’on en a et le reste, c’est de l’habillement.

Le plus intéressant dans la massification du talent vocal, ce sont les parents du gagnant : des prolos paysans qui parlent de pépère, le grand-père du vainqueur, avec un accent de Franche-Comté à couper au couteau à fromage. Je pense que le gamin a gagné pour ça : la France s’est reconnue dans ce mini-Bachelet à moins que ce ne soit un futur Brel mais permettez-moi de douter. On ne devient pas Brel en s’injectant de la variété dans l’oreille. Il vaudrait mieux lire Baudelaire ou Reiner Maria Rilke à vrai dire. Bob Dylan au pire ou Lou Reed les dimanches au parc. A perfect day.

J’étais quand même content de revoir Véronique Sanson chanter son funk à elle avec ses vieux musiciens même si c’était pour vendre. Après tout, tout s’achète et tout ce vent, ah, tout ce vent !

Bien sûr, Jennifer ne peut pas chanter du Stevie Wonder. Mais Jennifer : Call me ! J’adore Jennifer. Qu’est-ce que t’es belle avec tes yeux un peu tristes et ta manière de nous dire que tu te demandes pourquoi tu es là alors que nous, on sait ! C’est pas pour ta voix ni pour tes textes. Mais qu’est-ce que t’es belle. Avec toi, c’est la fin des chanteuses moches. D’ailleurs, la seule chanteuse du quator a été éliminée alors qu’elle avait parfaitement appris à faire Mireille Mathieu. Un délit de face, yes  ? Ah, pardonnez-moi mon anglais, mais j’ai du mal à me faire à ces émissions importées. J’ai envie d’écouter Barbara chanter. Comme une sorte de lavement après trois heures d’antenne où la France, même la rurale des bals à parquet, s’est abonnée à la globalisation du chant. En même temps, je repense à Dieu, cet ami pianiste prometteur bientôt mon âge qui peut tout jouer, qui enseigne au conservatoire, et qui cherche à se reconvertir, peut-être dans la plomberie car il y a de l’avenir, ou bien en Suisse parce que l’on aime encore les gens comme lui. J’ai envie de terrorisme. C’est fou, ça fait trois ou quatre jours que j’ai envie que des types - je n’ai pas le courage - fassent sauter toutes les télévisions du monde, et que les gains des actionnaires de je ne sais où financent les musiciens dans des Conservatoires du modèle vénézuélien. Ce ne serait pas une maladie sexuelle, ce serait un monde meilleur. Qui veut se dévouer ? Toi Barbara ?

Jennifer ?