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La haine du batteur

vendredi 3 février 2012, par Grosse Fatigue

On les a détestés à un moment donné. C’est certain. Pour en arriver à une musique aussi merdique aujourd’hui. Pour que David Guetta en vive et continue de polluer les conduits auditifs encore fonctionnels de générations d’adolescents globalisés, attardés dans la démence profonde de l’ère du vide qui leur sied si mal. On les a détestés. Ils ont du taper trop fort. Ou n’importe comment. Ou alors, c’était des anarchistes. Mais encore ?

Ils mettaient trop de temps à monter les fûts, grosse caisse, caisse-claire, cymbales, pieds, charleston, etc. Et même chose à la fin du show. Le temps de tout démonter, il est six heures du matin. Ces types-là étaient les plus mal payés de l’heure, à l’heure de remballer.

Pourquoi la musique populaire actuelle est-elle si nulle ? Non : ce n’est pas parce que je vieillis. J’en viens même à m’étonner de la richesse mélodique de certaines merdes des années quatre-vingt. J’imagine que les punks, encensés par les journalistes bobos d’aujourd’hui, genre Inrocks/Libé, des types incapables de reconnaître un 3/4 d’un 12/8 et d’abord, à quoi ça sert ? Les punks ont commencé à tout foutre en l’air parce que la pop s’endormait. Et puis, fallait faire du fric rapide, alors en machine Simone, tout en machine. Yamaha DX7 au début, ça vous remplace le bassiste, le guitariste, le batteur. Aujourd’hui, pire : l’informatique musicale. Cette merde qui enchante les adolescents déjà cités ci-dessus, cette génération sacrifiée sur l’autel du profit des firmes californiennes, frime et réseaux. Et puis les producteurs. Trois quatre minets qui chantent en play-back comme aurait peut-être dit mon père, ou l’équivalent féminin en putes femmes de footballeur. Le tour est joué. Ibiza pour les vacances. L’important c’est de bouger son cul, son gros cul.

Le batteur survivant, pendant ce temps-là, s’essaye à la Salsa. Au Songo. Putain le Songo mes pauvres jeunes débiloïdes ghettoïsés rap/techno/dance fric rapide pour être jeune quoi, être jeune !

Le songo. La salsa. Le 12/8. Le 6/8 afro-cubain. C’est autrement cathédrale et tu peux y aller pour bouger ton cul depuis que tes oreilles sont pleines d’un 4/4 où la croche binaire règne en maître. TCHI-BOUM TCHI-BOUM. Même les trains ont la décence de ne plus faire ce genre de bruit. Mais allez donc donner aux pauvres d’esprit autre chose que du binaire ! Les types, c’est comme s’ils se retrouvaient au milieu de la Sibérie en slip. Adieu Ibiza.

Pourquoi les batteurs n’ont-ils pas insisté pour survivre ? Parce qu’ils ne composaient pas ?

Il reste des dinosaures et les nouveaux venus sont résistants. C’est beau : malgré le bulldozer de la merde boum-boum, il y a toujours des types pour faire autrement. Toujours un tout petit peu d’espoir.

Mettez les enfants à la batterie. Ça nous changera de la politique. Dès 6 ans l’affaire est faite. Electronique pour les appartements, en bois pour les agriculteurs. N’hésitez pas. Ça vous fait des gamins avec le tempo dans le sens.

Tito Puente Ray Baretto Irakéré.