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Un fond de pensée populaire

vendredi 12 décembre 2014, par Grosse Fatigue

La "journaliste" nous dit que Marine exprime un "fond de pensée populaire" en défendant, paraît-il, la torture. La dame s’exprime sur France-Info. Je crois que je vais aussi laisser tomber France-Info. Je remets l’album de Brian Blade que je conseille à tous les gens du peuple populaire. Cherchez Brian Blade, il a de nombreux amis formidables aussi.

La dame parle avec des hommes et tout le monde est d’accord : Marine se discrédite.

J’aimerais que l’idée m’amuse. Mais ça n’est pas le cas.

Car, hélas, rien ne discrédite Marine. La tortionnaire, ce n’est pas elle. Le chômage, non plus. L’Amérique ? Encore moins. L’islamisme ? Pas du tout. Marine est vierge si je puis dire. Mais là n’est pas mon propos. Je veux juste montrer du doigt, même si cela est malpoli, la maladresse des journalistes qui VOUDRAIENT BIEN DIRE AUX GENS QUE MARINE LE PEN C’EST MAL tout en leur disant que les gens ont un "fond de pensée populaire" et qu’en gros ce sont des gros cons. La journaliste - comme la plupart des journalistes - dit à l’électorat de Marine qu’il est constitué de gros cons, mais qu’il n’est pas trop tard pour faire autre chose dans la vie, par exemple, disons, "Sciences Po." ("Sciences Po.", c’est uniquement rue des Saints-Pères, à Paris, en province, ce sont des facs que l’on nomme "IEP de province" et c’est nul comme fac, c’est "populaire"...). La journaliste nous dit donc que si tout le monde avait le recul qu’elle a, ou que si l’on vivait tous à Paris, il n’y aurait plus aucun FOND DE PENSÉE POPULAIRE.

Un bon moyen de ne pas vouloir comprendre ce qu’est le mouvement qui ne recule pas depuis 1984. C’est ainsi. On ne peut pas faire reculer l’utopie marinière. Car elle est irréprochable. Elle n’a jamais rien fait et peut se porter garante de tout et de rien. Elle peut titiller la gauche, l’ouvrier, le notaire et le notable, elle peut séduire le bas et le haut - c’est le propre du fascisme - elle peut être libérale et étatiste (comme son père), elle peut être bretonne et française, vraie brune et fausse blonde, l’important, c’est qu’on la croit. Il ne sert strictement à rien de penser que l’on peut dire aux gens qui vont voter pour elles que ce ne sont que les membres ringards du peuple populaire, ceux qui ont un "fond de pensée" mauvais, ces gens qui viennent de Zola ou d’Hugo, ces Ténardiers qui puent de la bouche, vont à la chasse sans la tirer, et regardent TF1. Car même si ça fait plaisir de penser cela (oui, moi aussi, ça me fait plaisir de penser ça), le dire ne changera rien.

Marine serait pour la torture ? Bien évidemment.

Le quart d’heure d’après, elle n’est plus pour la torture car c’est illégal ? Bien sûr.

Beaucoup de quarts d’heures nous séparent de l’avènement improbable de Marine au second tour. Mais le premier tour la verra grandiloquente, et l’assemblée sera sans doute en partie de ce bleu plein d’un fond populaire...

Il faudrait que nous soyons irréprochables. Mais qui nous ?