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C’est celui qui le dit qui y’est.
lundi 15 septembre 2014, par
Les Russes reviennent avec la faucille et le marteau pour mieux nous assommer, les islamistes vont nous couper les têtes, le danger nucléaire approche, les enfants regardent la télévision. On va tous crever, sans doute.
Ma fille m’interpelle l’autre soir.
"Papa, tu mets une majuscule à dieu ?
Euh, pourquoi tu me demandes ça ?
Parce que l’on a des cours en cinquième sur dieu.
Le petit qu’a six ans nous interpelle :
Mais ta maîtresse elle sait pas que dieu n’existe même pas ?
C’est pas une maîtresse, c’est la prof d’histoire.
Nous poursuivons le débat où j’essaye d’être un père normal et démocrate. Il est si dur d’élever des enfants athées dans notre société laïque et républicaine.... Il y a la pression des autres parents, ceux qui mettent leurs mômes dans le Privé, où l’on parle de dieu grâce à nos impôts, pour mieux éviter la mixité sociale. Bon, bien sûr, je ne réclame rien, en 1983, l’idéal de la gauche était déjà mort. Il fallait juste dire aux gens du privé de se financer eux-mêmes. A l’époque, il suffisait d’être libéral. Tu veux mettre ton gamin dans le privé ? Paye Simone.
Alors papa, là, tu nous parles de l’école privée, mais comment tu écris dieu ?
Bah, peu importe, tu écris comme on te demande de l’écrire. Si ta prof met une majuscule, obtempère. Au pire, on sera des marranes de l’athéisme, on leur fera croire qu’on y croit aussi à leurs histoires de dieu....
Le petit intervient encore :
Papa, à mon école, y’a des gens qui disent des choses encore pire que ça !
Et que disent-ils ?
Ben, je sais pas si je peux le dire.
Allez, dis-le. Evite les gros mots et ça ira.
Ben, y’en a, ils croient en dieu ! Kevin, il croit en dieu ! Et puis, encore pire....
Il s’interrompt. Nous le regardons avec les autres enfants.
Y’en a qui disent : "C’est celui qui le dit qui y’est !". Tu te rends compte ?"
Oui, je me rends compte. Ce proverbe enfantin a gardé tout le souffle nostalgique de sa découverte dans ma propre enfance. On aurait dû le garder étant adulte, et répondre avec lui à tous les islamistes, les emmerdeurs, les intégristes, les empêcheurs de tourner en rond, les patrons maniaques de l’heure travaillée, bref. Car c’est l’argument massue idéal, le vrai, le seul. A Valérie Trierweiller parlant de son François et de son mépris des pauvres : c’est celui qui le dit qui y’est. Ça marche à tous les coups. C’est fondamental et universel.
C’est fort.