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Le festival d’Avignon en HLM
lundi 25 août 2014, par
Chaque année, j’entends parler du festival d’Avignon. Olivier Py le dirige aujourd’hui, et j’aime bien Olivier Py, même s’il ne sait pas que le dieu qu’il aime n’aime pas du tout les gens comme lui, pour des raisons obscures, ce qui va de soi.
Chaque année, c’est le même cinéma. Le festival d’Avignon est une foire d’empoigne, une destination privilégiée, et surtout un discours très français - comprenez hypocrite pour faire simple - sur la "nécessaire démocratisation de l’art auprès des classes populaires".
Mon cul.
J’étais cyniquement ravi, cet été 2014, de voir que les prolos intermittents se sont mis, eux aussi, à s’en distraire en annulant les festivités. Impossible de bronzer vingt quatre heures sur vingt quatre en admirant le travail admirable de comédiens tchèques pendant douze heures d’affilée au soleil du midi... Je suis contre le bronzage, de toutes façons.
Le festival d’Avignon est surtout la grande braderie du théâtre, et le théâtre n’est pas un art populaire. Ce qui n’est pas très grave en soi. Ce qui est très énervant, c’est que ce festival est vendu par des sosies d’un Jack Lang™ comme une manifestation démocratique de bon goût qui aiderait les pauvres - Jean Vilar oblige - à devenir de pauvres révolutionnaires, pendant que la classe à l’aise écrase des pets sur des sièges inconfortables en s’enthousiasmant pour l’avant-garde d’hier soir.
Mais peut-être cherche-t-on simplement, par ce mensonge, à distraire les populos ? Oui, sans doute, c’est le monde entier que l’on distrait quand on nous fait croire qu’Avignon, c’est aussi et surtout, enfin peut-être, fait pour qu’une certaine classe puisse se cultiver ailleurs qu’à Paris. Et Avignon, c’est la province, la Provence, la distance, la banlieue en quelque sorte, mais en plus chaud, en presque exotique, on y voit du Van Gogh à coup sûr et de la lavande, non ?
Alors mon petit Olivier, avant de prendre Racine en Avignon (double-jeu de mot formidable, non), s’il te plaît, pense à la relocalisation. C’est à la mode. Les assiettes Geneviève Lethu™ ne sont plus faites au Vietnam, mais bien en France, et le prolo dans la porcelaine a de nouveau de quoi bouffer.... Si tu pouvais relocaliser la culture populaire auprès des prolos de banlieues, des 3/8 et des immigrés de plus ou moins fraîche date, si tu pouvais t’implanter à Sarcelles ou à Mantes la Jolie, sans pour autant faire du Djamel, ça aurait de la gueule.
Je doute que la cohorte d’Audis™ bringuebalant les spectateurs assidus vers le midi ne se déroutent soudainement vers le RER B, ou A, ou C, mais sait-on jamais ? En quittant le TGV première classe, on peut toujours changer de quai.
Olivier, un effort : il faudrait déménager . Pas d’usine en Avignon. Juste un pont où l’on danse tous en rond, n’est-il pas ?