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Demande d’ajout à la liste d’amis.

vendredi 24 janvier 2014, par Grosse Fatigue

La même femme en photo périodique me demande par un email élaboré d’être ajoutée à la liste de mes amis. Je la pense anglo-saxonne, voire américaine. Elle est sans doute un peu blonde avec une peau de rousse. Elle s’appelle toujours pareil : Caroline. Ce prénom existe en français et en anglais, peut-être en chinois ou en arabe mais c’est peu probable. Elle a exactement mon âge et, de profil cambrée, des gros seins : panoplie légitime. J’aime déjà sa peau couverte de taches de rousseur. Elle insiste de temps en temps, par robot informatisé interposé, pour être mon amie, voire plus sans doute, car, en bas à gauche, une autre photo d’elle, un peu penchée, me montre explicitement sa capacité - malgré nos âges avancés - à la souplesse, levretale, sans aucun doute soyons précis.

Caro, c’est son diminutif mondialisé, est architecte et séparée. A son âge, c’est la moindre des choses. Il était plus difficile de me dire qu’elle était mère célibataire et prostituée pour arrondir ses fins de mois, car le reste est bien assez arrondi comme cela. Elle ressemble plus à une bourgeoise libérée, une bourgeoise nouveau genre comme il en existe des milliers. Je ne vois pas très bien pourquoi elle s’adresse à moi si souvent : je ne réponds jamais. Sur la fiche, elle a cent cinquante six amis. Ce qui n’est pas beaucoup pour une femme qui inonde les boîtes à lettres virtuelles d’un tas de mâles solitaires devant l’écran.

De quel droit s’adresse-t-elle à moi ? Qui est-elle vraiment ? Quelqu’un doit forcément la connaître, la reconnaître ? Est-elle une image de synthèse, un copier/coller, un patchwork d’Américaines du Kansas au Tennessee ? Sait-elle que l’on utilise son image afin d’appâter l’homme moyen et le rediriger vers un site d’adultère ?

Le message est efficace : j’ai vraiment envie de la connaître, de lui poser des questions dans une langue étrangère. De connaître ses enfants et sa situation familiale. Lit-elle des livres ?

Et j’imagine déjà un avis de recherche sur elle, placardé dans toutes les villes d’Irlande - où ses sosies sont saisissants - mais aussi en Amérique, et même en Chine, qui en importe beaucoup. Je suis certain qu’elle existe et que sa vie est une souffrance. Sinon, elle ne perdrait pas son temps sur internet à nous faire croire que l’on vaut encore le coup...

Et puis je tombe sur un article que seuls les Américains peuvent tenter d’écrire. Il s’agit de comprendre la différence d’approche sexuelle entre hommes et femmes en Floride. Je précise en Floride car il faut être américain pour imaginer que les comportements sexuels chez sapiens-sapiens sont essentiellement d’ordre éthologique (SIC). Il ne nous viendrait pas à l’idée d’envisager une telle expérience en France, où personne n’irait demander à une fille de coucher directement avec elle, et où aucune fille ne demanderait la même chose dès la première minute. (Lisez l’étude mes amis). Il n’est donc pas étonnant que cette étude ait mis si longtemps à être publiée : c’est tellement con. C’est aussi pour cela que je me méfie de Caroline. Les américaines ont cette approche terrible et sans complicité de la galanterie, qui se résume à une technicité galopante, aujourd’hui symbolisée à merveille par de nouveaux gadgets sexuels électroniques et connectés mais aussi par ce racolage baveux d’écran en écran. Aujourd’hui, seuls les footballeurs peuvent apprécier.

Tout cela prouve au moins que les Français restent les rois de l’élégance et du désir, d’une forme d’érotisme et de bien entendu, soulignée par l’affreux Finkielkraut avec raison dans son dernier livre, oui, la France est une civilisation érotique où hommes et femmes bien éduqués sont égaux en droit de plaire et de séduire. Nous sommes la civilisation, laissons-leur le Coca-cola™ et l’éthologie humaine, le petit Jésus et sa morale.

En un mot : éloignons-nous.