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A quoi sert l’Education Nationale : les conseillers d’orientation

lundi 20 janvier 2014, par Grosse Fatigue

Chers parents,

Après un autre terrible témoignage d’une adolescente tentant de ne pas s’orienter, j’en viens donc à parler des conseillers d’orientation. Si votre enfant ne s’intéresse à rien, si vous-mêmes privilégiez son bien-être et ses choix - hasardeux quand l’enfant ne s’intéresse à rien de particulier, nous l’avons dit - si vous n’avez pas vraiment peur de son avenir puisque l’on verra bien, il vous reste un métier prometteur (qui fait des promesses). Beaucoup en ont conscience mais le filon ne passe que de bouches à oreilles et n’a pas été révélé au grand public. Si votre adolescent est un peu nul, n’a plus aucun désir, a redoublé son bac peut-être, et finira sa licence de psycho en six ou sept ans, si votre adolescent n’a jamais bossé nulle part et pas même lors de la cueillette des fruits (ce que je comprends : il faut du piston, et puis, ne pas habiter en ville), alors il reste une solution :

Conseiller d’orientation.

Non non non non.

Il ne s’agit pas d’aller voir un conseiller d’orientation. Un adolescent normal ne doit JAMAIS consulter de conseiller d’orientation ! Au contraire ! Il doit les éviter à jamais. Car ceux-là, après avoir raté le bac et trainé en fac de lettres pendants moult années, ont réussi, après le pionicat (Oui, ce mot existe même s’il ne faudrait pas), à intégrer par concours un poste de conseiller d’orientation. Bingo ! Et pourquoi pas ? N’est-ce pas là une manière de montrer que l’on sait s’orienter quand on est complètement nul ? Je le sais : j’en connais. Il n’est d’ailleurs pas difficile d’aller questionner un conseiller d’orientation sur son propre parcours. Les entreprises où il a travaillé, les postes occupés, la vision critique de la firme capitaliste d’aujourd’hui, les CDD, la précarité.... Conseiller d’orientation est un métier d’avenir pour ceux qui n’en ont pas. C’est déjà énorme.

Chronique de droite ?

Ah ! La belle affaire ! La droite se moque bien des conseillers d’orientation ! D’ailleurs, aucun enfant de cadre du Parti Socialiste (à vos souhaits !) ne va jamais voir un conseiller d’orientation. Les conseillers d’orientation, c’est pour les désorientés, les perdus, les pas dans le rouage ! C’est pour les quatre-vingts pour cent d’une classe d’âge à qui l’on cause ! A droite, il n’est nul besoin de demander son chemin. On y sait parfaitement bien que la voie est raide même si la pente est difficile et qu’il faut penser Bac S- Classe Prépa - Grandes Ecoles - Etcaetera. Le reste, ce sont les miettes pour la classe moyenne qui s’y croit encore car elle s’y croit encore voyez-vous, voire pour les prolos du bac STT qui s’imaginent finir à Normale Sup., bien que personne ne leur en ait jamais parlé ! Le conseiller d’orientation est un paravent de l’impuissance : il masque aux enfants l’irresponsabilité des parents, il nous fait croire à la liberté, il faut aller le voir comme on va voir le médecin du travail sans se faire palper, ça fait toujours un emploi à quelqu’un. Et c’est bien, car ce quelqu’un, c’est peut-être un jour mon môme, on ne sait jamais. Je finirais par lui en parler....

Mon gamin devenu grand dans un lycée à lire aux autres les brochures de l’ONISEP sur les emplois à venir. Informaticien, programmeur, programmeur de jeux vidéo, conseiller à la personne, mon nom est personne, Clint Eastwood. Non ! Ne rêve pas petit ! Le Western™ n’est plus guère à la mode il faut se caser ! Fini l’aventure, trois ou quatre murs si ce n’est une baie vitrée et voir d’autres enfants juste un peu plus jeunes chercher des conseils pour la vie à venir la vie d’avenir la Chine faudrait-il dire.... Et toi mon fils, que peux-tu leur dire que l’on ne sait déjà ? Bac S, classe prépa, Grande Ecole ? Quelques miettes à la fac en droit ou en sciences éco ? D’autres miettes encore plus minuscules en physique ou en bio ? Ou alors finir prof ?

Finir prof, c’est toujours finir. Et pourtant rien ne presse.

Veuillez agréer, chers parents, de ma profonde impuissance à changer le monde qui m’énerve chaque jour,

Bien cordialement,