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"Vous n’avez rien à foutre ici"

lundi 13 janvier 2014, par Grosse Fatigue

Sortie à vélo dans les bois et forêts détrempés des parages. Le dimanche matin, le troisième âge se promène en cohortes compactes équipées aujourd’hui de bâtons de ski, mais sans les skis, pour mieux marcher. Les rivières ont regagné leurs lits et nous avons quitté les nôtres dans l’enthousiasme enfantin qui nous guide quand nous allons faire un tour avec un copain. Le sol est boueux, nous reviendrons crottés et heureux.

Au détour d’un chemin, un homme avec un fusil. Je n’aime pas du tout les hommes en général, encore moins les fusils qui me rendent freudien - j’imagine là une compensation à l’adage classique selon lequel la nature est mal faite, comprenez injuste, et que la plupart des chasseurs ont une zigounette ridicule - il me semble donc nécessaire à chaque rencontre de désamorcer l’éventuel conflit ; une sorte de jalousie inconsciente de leur part ; en leur précisant que je ne suis pas un lapin.

Le crétin me répond, directement et sans guillemet, ce que j’ai intitulé ci-dessus : VOUS N’AVEZ RIEN À FOUTRE ICI.

Cela en dit long. Tant sur l’humanité que sur ma prévention initiale à l’égard des hommes, des fusils, et des hommes équipés en général. Je précise au passage que c’est un chemin de randonnée mais le crétin y voit avant tout un terrain militaire. Ce qui supposerait qu’il a le droit, en tant que chasseur, d’être dans un terrain militaire et que le simple citoyen à vélo, ne chassant rien si ce n’est la mélancolie de l’hiver, n’aurait aucun droit de profiter du sol que souillent les soldats lorsqu’ils s’entraînent aux guerres lointaines sous nos cieux humides. Par chance, l’ignoble clébard du sus-dit (je hais les chiens) s’enfuit avec nous, ajoutant à son odorat infaillible une qualité méconnue à reconnaître les QI humains les plus prometteurs. Pendant que mon ami tente de désamorcer la situation, je préfère avancer dans le chemin, m’éloigner de l’imbécile et de son sens du territoire, car la phrase prononcée en dit si long sur l’époque, l’homo-sapiens, le goût du sang et du territoire, ses relations aux autres et la faiblesse congénitale du vocabulaire de l’homme qui se croit dans son droit (pensons aux automobilistes, aux propriétaires terriens, à mon voisin...), que je boue littéralement. Oui : j’ai envie de le tuer, comme j’ai envie de casser la gueule à tout le monde après avoir revue l’intégrale de Bruce Lee en coffret DVD collector et vintage VHS offerte en sus.....

Je me contente de poursuivre dans l’affabulation freudienne (SIC) qui me fait imaginer la femme du blaireau solitaire le dimanche matin en profitant pour s’enfiler le pieux de l’éboueur sénégalais, bienheureux de satisfaire une rombière à moitié frigide après tant d’années de chasses ratées tout en en rajoutant dans le cliché du Noir à grosse bite. (On a tous le droit d’en avoir une grosse, ça va comme ça). J’imagine par la suite que le sus-dit, la clope au bec et le ramolli aidant, met le feu aux draps neufs et soldés de janvier, feu s’étendant au pavillon en kit et à la Renault Scénic™ dans le garage - ce qui me fait dire que le débile chasseur a été amené par l’un des siens - ce feu s’étendant de proche en proche à tous les pavillons du lotissement, puis à tous les lotissements de France, de la à l’ensemble de la classe moyenne d’origine paysanne, à tous les ouvriers du Front National, à tous les bourgeois attachés à l’argent, à tous les amoureux de rap et de techno, au slip de Dieudonné, bref, je rêve d’un embrasement général miraculeusement terminé à notre retour, vers douze heures trente.

J’entends déjà le crépitement des caisses à munitions, feu d’artifice et soulagement.

Je sais aussi que la seule thérapie quand on rencontre un sale con, c’est d’en dresser le portrait à défaut de le dresser lui-même comme son chien, ou de le redresser comme on pourrait tenter de redresser un grand chêne, malgré l’absence d’élégance et le déni de noblesse. Me voilà mieux.

Amis qui détestez les chasseurs, imprimez ce billet et agrafez-le sur les lieux des crimes, dans un blister plastique, afin de faire comprendre à ces pauvres analphabètes que nous n’hésiterons pas à satisfaire leurs femmes tant que l’espoir d’une opération d’amélioration pénienne ne sera qu’une publicité mensongère à l’américaine.

Bien à vous.