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Il ne faut pas parler aux gens. Dieudonné ou Serge Dassault.

vendredi 10 janvier 2014, par Grosse Fatigue

Quand l’Aube Dorée s’est levée sur la Grèce en toc des armateurs bientôt chinois, j’ai eu la petitesse de me recroqueviller dans mon potager et d’imaginer que les plaines de Russie de juin 41 étaient encore si loin. Ce n’est pas internet qui allait nous rapprocher des nazis basanés d’un Panthéon toujours en ruine. Le pire est ailleurs, ou plus tard ou bien il y a longtemps.

Quand ce matin, devant la maternelle, le père prolo dans sa Peugeot™ édentée qui fume à l’avant pendant que le petit n’est pas attaché à l’arrière a osé dire à la mère que c’était sa liberté j’ai bien compris le lien.

Quand Dieudonné profite du vent américain qui souffle par internet pour dire n’importe quoi à des gens qui rêvent d’avoir la liberté totale de fumer au volant en ayant bu pour oublier qu’ils n’ont rien d’intéressant à dire j’ai, là aussi, vite fait le lien.

Ceux-là croient qu’ils ont tous les droits. Ils se prennent pour Serge Dassault. Ils l’envient. Ce n’est pas le bon combat. Même mon petit môme, cinq ans, me le dit : "J’ai le droit quand même !".

Ben non.

Il ne faut pas parler aux gens. Il ne faut plus discuter avec ceux qui réclament des droits sans avoir fait l’effort. Que Dieudonné se contente d’être antisioniste aurait été un moindre mal. Le problème avec les antisionistes, c’est de toujours dépasser le cadre et d’en vouloir aux Juifs de la terre entière sans vraiment voir en quoi le modèle d’en-face n’a rien de bien reluisant... Imaginez un peu si tous les pays arabes étaient des démocraties laïques prospères et pacifiques, des Andalousies rêvées (SIC) où l’on pourrait vivre à visage découvert et choisir son conjoint : ça aurait de la gueule aussi.

Ça vous couperait l’herbe sous le pied.

En regardant les apôtres du rire et de la dérision réclamer la liberté d’expression d’un franco-camerounais, il n’y a pas de quoi rire. Le pire, c’est que Darth Vador™ n’a pas toujours été méchant. Il en est attachant. Même Elie Sémoun a du mal à lui en vouloir.

J’AIME ELIE SEMOUN.

Il faudrait, avant la mort, lui demander pardon.

Dieudonné n’a pas toujours été d’extrême-droite : avant, pour cela, il fallait apparaître plus blanc. Sauf dans le cas, bien sûr, de Farakhan. Mais c’est un Américain. En cela, on peut présager le pire dans l’analyse sémantique. Et puis c’est un religieux. Et mieux : un converti. Qui en vaut deux. Autrefois Dieudonné était toujours drôle, du moins pour les gens de son âge. 1966. Trois mois d’écarts lui et moi. On devrait se comprendre.

Mais c’est insuffisant. Oui, moi aussi j’ai vu Mourousi à treize heures et Sheila et Ringo et Claude François. Au bout d’un moment, j’ai trouvé le bouton pour éteindre. Nos points communs sont limités.

Que Dieudonné ait sombré soit : c’est humain. Que d’autres le défendent au nom de la liberté d’expression, quelle rigolade ! Il suffit de voir la qualité de l’orthographe de ces pauvres gens sur les forums ignominieux pour prédire de la profondeur de champ et de l’amplitude de l’objectif. Sans compter les militants de toute la bêtise du monde. De ceux qui vivent au chaud et ont à manger mais qui aimeraient bien que les autres fassent des efforts. Si seulement on en faisait tous ensemble. Ça y est : je sombre à droite.

Si Dieudonné était blanc de blanc, blanc de souche™ comme ils disent sans qu’Aznavour ne puisse le chanter, on n’en ferait pas un plat : il serait déjà en tôle. Mais l’ambiguïté du paysage lui sert de cache-sexe. Comment être un véritable fasciste quand on n’est qu’à moitié breton ? Sait-il que les germano-camerounais étaient stérilisés en 1938 par ceux dont il ne doute plus de rien ? Sait-il qu’on les tuait par la suite ? Connaît-il ce lieu près de Lyon où l’on a reconstitué un cimetière sénégalais en hommage à ceux qui furent massacrés par des Allemands ? Sait....

Ah, j’arrête.

Bien sûr qu’il sait que ses soutiens le détestent... En cas de malheur, ils n’en feront qu’une bouchée, même sans uniforme de SA : couleur de peau oblige.

Quel idiot, quel naïf : je l’ai dit pourtant ! Il ne faut pas discuter avec les gens. Il fût un temps où c’était possible. Il n’était pas nécessaire d’avoir le même niveau ni la même origine : les choses faisaient sens. Celui qui savait pouvait le dire et les autres écoutaient puis savaient aussi. Aujourd’hui, l’important, c’est d’être libre, hein, libre ! A l’américaine, sans limite ! Ku-Klux-Klan ou Tea Party, dire n’importe quoi : exister. Dieudonné déteste l’Amérique mais en est le porte-parole. Et quelle parole.

Internet nous permet tout cela. Les naïfs sincères qui traînent autour des Zéniths™ de province ne comprennent pas pourquoi ils ne peuvent voir en vrai ce dont ils peuvent s’abreuver sur Youtube™ à en vomir. De même que les alcooliques comprennent mal les restrictions. La liberté par le petit trou de la serrure, c’est immense et sans limite. La liberté de vivre avec les gens, c’est au minimum de ne pas leur reprocher leur essence : la chance de Dieudonné !

A part ses futurs ex-amis, personne ne lui reproche d’être métis : un sacré progrès.

Il faudrait dire aux gens pour leurs comportements. Il faudrait pouvoir leur reprocher la politesse en son absence, la surdité volontaire, l’impression d’avoir raison. Mais pas ces choses dont on hérite. Il faudrait que tout ce qui se discute soit discutable.

Non, je, enfin, je.... Je suis optimiste d’un seul coup. Quel idiot.

Non, il ne faut pas parler aux gens.

Mais je m’emballe. Je voudrais me taire aussi, passer outre, m’en foutre !

Ah bien sûr, il faut que le crime profite. Et quand même : félicitations Dieudonné ! Les gens qui détestent ce que tu es, ton essence même, ce mélange que leur vocabulaire ne sait qualifier qu’en pollution, eh bien, voilà : la vieille merde sèche du fascisme français te soutient, te salue ! Il faut dire que, de par l’attirail protecteur anti-UVA que t’a légué ton père, tu peux te permettre ! On ne t’a pas tout de suite soupçonné de racisme. C’est très fort ! J’ai lu à ce propos dans le dernier Télérama™ une analyse du racisme anti-blanc. Je vois que les néo-marxistes estiment qu’il n’existe pas car seuls les dominants sont racistes et que le racisme n’est qu’un truc économique. Pauvres néo-marxistes. Tu es la preuve vivante du racisme qui n’a ni endroit ni envers : universalité de la bêtise, dérapages en tous genres, petitesse élargie. Tu es aussi con qu’Arno Klarsfeld !

A ce propos, je plains ses parents. J’ai beaucoup d’admiration pour eux. Et j’ai peur : pourvu que mes enfants ne deviennent pas aussi con qu’Arno. La génétique n’est rien. Il a sans doute été trop gâté. A son propos d’ailleurs, tu aurais pu être intelligent. Il était facile de lui reprocher de faire son service militaire en Israël et d’être juge sous Sarkozy des qualités de nos immigrés nouveaux-venus : difficile de concilier les deux à mon avis. Vivre en France et défendre une nation étrangère tout en interdisant à certains de venir vivre en France, eh bien, c’est difficilement plaidable. Que font tes partisans idiots ? Ils lui reprochent d’être juif ! Ah les cons !

Mais je te parle Dieudonné ? Ah, pardonne-moi. Il y a toujours, chez les misanthrope, cette volonté de changer le monde. Lui reprocher tant de choses, c’est quand même espérer. Les autres sont commerçants ou cyniques. Le misanthrope espère trouver de la compagnie chez les siens, les infréquentables, les solitaires.

Tu n’en fais pas partie.

Je cherche moi-même la compagnie des misanthropes.

Pas des démagogues.