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Los Angeles : le grand remplacement.

lundi 23 décembre 2013, par Grosse Fatigue

Je n’imaginais pas qu’un jour la vague qui les avait poussés jusqu’en Californie reviendrait vers nous, dans un reflux océanique, pour faire de l’Amérique et de Los Angeles le modèle de notre avenir. J’y ai pensé en lisant en ligne les crachats incertains de Renaud Camus, l’homme qui n’osait pas nous dire qu’il se croyait Drieu La Rochelle ou Morand. De là, j’ai repensé au voyage du sus-dit et tout s’est mélangé, comme à l’habitude, dans ma tête bouillante. Renaud Camus, notre nouveau fasciste déclaré, a peur du grand remplacement, ce flux du sud qui verrait ceux qu’il nomme les "Africains" envahir d’abord nos banlieues puis nos institutions sans même passer par la case de l’ascenseur social, cet ascenseur cassé depuis longtemps à cause des cages d’escaliers dans lesquelles on se contente de pisser. Qu’un pédé d’extrême-droite se plaigne du faible taux de reproduction de ceux qu’il considère être sa famille-souche pourrait faire rire si la situation n’était pas pathétique : c’est Noël. Ah bien sûr, les Africains ont des enfants et pas ces étranges mœurs qui consistent à s’enfiler pour éviter la constipation, la prose l’étant suffisamment n’est-il pas ? Fallait-il opposer une stérilité volontaire à une stérilisation obligatoire, dans les perspectives nauséabondes du vieux Malthus ? Et puis, s’il faut dissocier l’œuvre de l’homme, ne doit-on pas avouer qu’une extension universelle de ce type d’homme conduirait rapidement nos sociétés à la disparition ? Serait-ce plus grave qu’un quelconque remplacement ? Il n’y a pas d’amour : il n’y a que des preuves d’amour. Comprenne qui pourra.

Pour ma part, je suis obsédé par Los Angeles : le voilà le vrai modèle d’avenir.

Paresseux car la lumière hivernale du solstice me laisse recroquevillé sur un écran et une série américaine, où un écrivain libidineux s’agite dans ce biotope étrange qu’est Los Angeles. Deuxième saison de Californication. J’y étais il y a vingt ans et n’osais imaginer que le modèle social de ces quartiers imbriqués, de ses communautés se détestant dans la solidarité de l’origine commune, de la richesse la plus inutile de Bel-Air à la crasse la plus terrifiante de South Central, sans compter les Uzis, non, je n’imaginais pas que tout cela arriverait par la vague du reflux, celle de l’impérialisme américain que l’on n’osait pas imaginer dans les années soixante-dix. L’idée du marché qui ferait tout, la disparition d’une culture nationale, de l’idée même de patrie et, surtout pour la gauche européenne influencée par cette vague terrifiante de la gauche américaine : relativisme total et gender studies.

Nous n’avons plus d’idées à nous. De là à croire que l’illusion terrifiante de l’Italie 1920 pourrait apporter son renouveau : connerie.

Les Américains ont imposé leur janus politique : non seulement leur libéralisme de droite mais aussi leur libéralisme "de gauche". Deux revers d’une même pièce à rebours de la direction initiale, avec son zénith en Californie. (Pour la Chine : sous-traitance).

Après tout, la Californie était censée inventer la société de demain, les hippies y vivaient en paix avant de tripoter des microprocesseurs, les geeks™ se croyaient anarchistes avant le blanchiment idéologique de la première cotation en bourse de leurs utopies privatisées. Et les Mexicains pouvaient bien continuer à parler entre eux leur espagnol : que pouvait-on leur dire d’autre que de passer l’aspirateur ?

Tu parles d’un monde ! Supermarchés virtuels, fliqués consentants par leurs plus grosses machines sous prétexte de nous en vendre d’autres. Que reste-t-il de Julien Clerc ? Le voilà donc mon grand remplacement à moi. Je n’ose imaginer ce que seraient les immigrés d’aujourd’hui si le plein-emploi s’était maintenu et si la France avait su rester universelle et faire la sourde oreille à Foucault, Deleuze et Derrida… Ces derniers si bien lus à Berkeley, non pas parce qu’ils étaient bien traduits mais parce que, déjà, le canular français était une idée américaine. Ceux-là effrayaient nos bourgeois à cause de leurs panoplies marxistes mais jouaient de la flûte made in USA… Seul Edgar Morin n’y comprenait rien et, comme à l’habitude, j’en ris. Edgar Morin est le plus grand penseur vide d’aujourd’hui mais je lui voue une admiration sans faille : j’aimerais tant savoir délayer la sauce à partir de si peu d’ingrédients…. Aucun doute sur l’origine de la levure : une grande histoire d’ego… Fin de la parenthèse. (Un autre nom pour rigoler si vous le désirez : Maffesoli. Même pas américain : rien).

Los Angeles : vingt minutes de survol d’un damier urbain éclairé de nuit avant de toucher le sol, comme arriver dans une dimension à l’intérieur d’un écran d’ordinateur. Atterrir là-bas, c’était, de nuit, accepter le virtuel comme une possibilité.

Souvent je vis ma propre micro-ville de province comme Los Angeles en modèle réduit. Les centres commerciaux, les publicités, les autoroutes, les Noirs avec des casquettes trop carrées pour nos têtes rondes, la possibilité de roter son hamburger jusque tard le soir dans les rues désertées du centre-ville soi-disant redonné aux piétons pour la simple raison qu’il est mort et inutile.

Savoir où ne pas aller est devenu le dernier mot d’ordre auquel s’habituer.