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Frédéric Mitterrand : Fuck you

lundi 16 décembre 2013, par Grosse Fatigue

Ah Fred ! Tu reçois Isabella Rossellini ce soir ! Ah ! Mon gros veinard ! Et tu parles de Konrad Lorenz, ce gentil nazi dont tu ne sais pas grand-chose si ce n’est peut-être qu’il parlait des oies comme toi-même tu parles des poules que tu affectionnes tant qu’elles ne sont pas nées dans des basses-cours car oui, voilà, ce monsieur nous explique que cette charmante dame a hérité du talent de ses parents, et que c’est bien normal voyez-vous, il y a les doués qui entretiennent le gène égoïste (Ah, Fred, as-tu lu Richard Dawkins ?) et puis il y a la plèbe, que dis-je, le non-dit, le non existant, le manque d’intérêt, le prolo vulgaire, nous tous, nous autres, enfin, les mal-nés, les sans talents, les nuls, les ex-æquo au pire, ah, Fred, tu nous en diras tant ! Tu m’étonnes, avec un nom comme le tiens, pas étonnant que tu sois de droite ! Comme si la pogne de Pétain dans celle de Tonton pouvait te faire pardonner ton amour des hommes, je n’oublie pas qu’il y a eu un paquet de renfrognés de la vulve à détester les immigrés et à jaquasser dans les bordels glauques de ton extrême-droite. Je sais, je sais, sa vitrine officielle t’en a voulu de t’avoir mal lu, ce n’est pas que tu aimais les petits enfants, c’est, qu’enfant, tu aimais déjà les hommes, ça n’est pas pareil, mais défendre les oies et le pas qui va avec au nom du talent de leurs parents, quelle saloperie peux-tu en convenir ? Écoute-toi un peu bordel.

Tu me vexes Fred, vois-tu, j’ai lu tes livres par curiosité, ce n’est pas si mal de tomber de ton scooter pour être secouru par Catherine Deneuve, moi-même, combien de pelles à Mobylettes™ sans que personne ne vienne même voir si j’étais encore vivant ? Le privilège parisien, on a beau se dire démocrate, quoique je n’en sais rien, souvent, sans t’en rendre compte, tu es sûrement royaliste. Il est vrai que chaque génération a son amoureux du Prince Charles, je te place d’ailleurs entre Zitrone et Stéphane Bern, deux inutiles de ton genre qui ne nous font pas aimer la littérature mais pourrissent les mémères toute la journée à les faire rêver d’amoureux italiens qu’elles n’auront jamais. Eh oui, tu ne vis qu’à piquer dans les portefeuilles des vieilles ou des salles d’attente des dentistes à raconter ta vie de privilégié et ça, ça ?

ÇA FAIT CHIER.

Le reste du temps, tu moisis oisif à imaginer ce que tu pourrais faire après ta mort, sans savoir que quand on est mort, c’est qu’on est mort.

Moi aussi je serais bien allé à Mykonos dans les années soixante ou vingt ans plus tard, oui, j’avais écouté Michel Polnareff en chanter les vertus mais plutôt du côté des femmes ou juste du soleil, moi aussi j’aurais aimé glander et finir ministre pour mieux cracher à la gueule de Jeff Koons en ayant fait semblant de lécher les bottes (beurk) bien dégueulasses d’un Jack Lang sans talent aucun, lui, la Légion d’Honneur de leçons bien profonde. Mais il a fallu que je bosse en librairie, vois-tu, Fred, je n’ai rien hérité du talent de mes parents ! RIEN PAUVRE CONNARD. Et je crois que ce que l’on hérite, au mieux, c’est d’une atmosphère, atmosphère, oui, t’as bien la gueule d’une atmosphère ! Tiens, prends Mozart -j’exagère - son père était musicien, mais combien de pères musiciens pour un seul Amadeus ? Et Miles Davis ? Combien comme lui ? Une atmosphère sans doute, mais les trompettistes font-ils des trompettistes ? Faut-il avoir un père trompettiste pour souffler dedans ? Fred, Fred, manquerais-tu d’un peu de recul ? Souffle dans une trompette et réfléchis un peu.

Ah, j’oubliais : on hérite aussi des biens de mon seigneur et de madame, et c’est pour ça que j’ai été obligé de faire libraire entre autres... Avec l’argent que mes parents n’avaient pas, j’ai pu m’acheter un prêt étudiant, et le renouveler quatre fois ! Tu te rends un peu compte ?

OUI : ça n’a aucun intérêt !

Hier soir, pas plus tard, je regardais mon frère et ma nièce par Skype™. J’étais dégoûté même plus vaniteux, vois-tu, nous avons les mêmes parents mon frère et moi mais regarde à nouveau A l’est d’Eden, ou relis Steinbeck enfin quoi, prends-toi en main ! Crois-tu que mon frangin ait eu dans l’idée de dire à sa fille de châtier son langage ou de lire Victor Hugo ? Ben non rien à foutre, elle vivra sa vie, elle fera peut-être caissière parce que c’est son destin. Mon frère partage avec toi l’idée du destin, de cette saloperie de fatalité bien que chez toi, ôh, mon Fredo, ça sophistique à fond : seuls les nantis héritent des bons choix. A péter dans la soie, on n’attrape pas des poux. Et puis il y a le petit Kévin, cas social grande section de maternelle, dans la classe de mon dernier : tu ne parleras jamais de lui. Il hérite de sa mère et de son père. Elle lui gueule dessus la merde du monde entier, elle éructe, c’est tout juste si elle lui crache pas à la figure. Le petit môme il a cinq ans, c’est pas Isabella Rossellini ma poule, c’est rien du tout, pire : c’est déjà foutu. Ce gamin, sa trajectoire d’astéroïde est plombée vers le bas ; s’il y en a un ; un peu comme tes hémorroïdes - tiens, tu vois, on a un point commun ! Et pour sûr que ton héritier de la génération d’après, le Stéphane Bern de 2040, j’y pense, il sera tellement encore là celui-là que : Stéphane Bern ne parlera jamais de Kévin ni même du talent de ses parents. Mais Kévin, on me l’aurait donné, j’aurais tout fait pour qu’il apprenne la batterie. Et on aurait emménagé au-dessus de chez toi, ou dessous peu importe, et même s’il n’était pas doué, vers les trois heures du matin, quand tu rentres entre copains de tous les sexes, que tu t’en donnes à cœur joie et sans complexe, ben nous, on aurait commencé à balancer de la triple croche sur des grosses caisses de vingt-quatre pouces de diamètre, à fond, jusqu’à six heures du matin, une sorte de révolution à nous, pour te mettre bien profond ta bafouille bourgeoise et venimeuse. On t’aurait montré que sur une radio de service public, faut quand même faire un peu gaffe. Je sais bien que ça frise souvent le politiquement correct ta radio, mais là, quand même, qu’est-ce que tu viens faire dans notre édredon ? Pour des gens de ton acabit, il y a un paquet de groupes de droite où chanter tes rengaines, non ? Pourquoi continuer à faire le sous-marin ? On s’en fout de tes princesses, de tes manières et de tes pince-fesses !

Fuck you connard !

Quand je pense que ce texte sera lu par trois Québécois à l’heure de la connexion planétaire. Quand je pense que personne ne viendrait même te montrer mon venin, te le punaiser discrètement dans du Louis XV vermoulu, ou juste dans tes chiottes : tu y vas toujours, n’est-il pas ?

C’est vraiment l’impuissance. Ce qu’on est seul tu sais. Ce qu’on est seul.

Fabrice Luchini, tu m’entends ?