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Tirer dans le dos : le rêve américain

jeudi 19 septembre 2013, par Grosse Fatigue

Quand j’étais soldat, dans mes vies antérieures, je n’ai pas tiré dans le dos de l’ennemi. Il se trouve que j’ai toujours, dans mes vies antérieures, eu cette dimension morale qui me caractérise, qui fait de moi un humaniste mais pas un Munichois au sens qu’avait cet habitant de Munich pour les Français et surtout pour Daladier en 1938.

On ne tire pas dans le dos. On ne tue pas des gens qui ne peuvent pas tirer. Je l’ai lu dans Lucky-Luke et chez Montesquieu. Je crois même que Clint Eastwood défendrait ma position, mais je ne suis pas sûr qu’il soit un bon exemple, si ce n’est pour la vie en général, je pense que la sienne est plus palpitante que la mienne mais c’est un point de vue.

Et puis nos chefs - j’ai toujours été fantassin en rêvant d’être pilote de chasse, même dans mes vies Renaissance dans un film de Kubrick à la bougie - nos chefs donc nous ont toujours dit que l’efficience guerrière consistait essentiellement à blesser l’ennemi afin d’en immobiliser deux.

Le bijoutier de la Castafiore aurait ainsi mieux fait de tirer dans le genou de l’abruti qui l’a dévalisé. Je pèse mes mots. Même si sa sœur le pleure en nous disant qu’il allait être papa. Mon éthique de la responsabilité - qui n’est pas de droite - me dit que, quand on est apprenti braqueur, il vaut mieux ne pas faire d’enfant.

En faisant un blessé, le Capitaine Haddock aurait fait d’une pierre deux coups. Ses amis du monde d’autrefois, celui qui revient par vagues aux municipales, aux législatives et, qui sait, au pouvoir bientôt, auraient pu le soutenir de la même manière grâce à Facebook™, l’égoût numérique que l’on attendait tous. Le lieu de ceux qui pensent comme les autres mais ne pouvaient pas le dire avant.

En éclatant le genou du voyou, tout le monde aurait été heureux : les deux braqueurs jugés, le Professeur Tournesol jugé, Manuel Valls médiatisé, Marine Le Pen en joie face à l’exemple du monde qui nous attend : WESTERN USA.

Ah oui, l’Amérique, notre vieille amie, toujours elle, que d’efforts pour lui ressembler ! On attaquera bientôt les maternités qui assurent l’IVG, on tuera ses enfants s’ils rentrent par la fenêtre trop tard la nuit, et pour les massacres dans les écoles : le cauchemar a déjà commencé. On se croit De Gaulle, on n’est que Bush. L’esprit du vrai vieux monde nous a quitté, depuis que l’argent est roi et qu’il ne coule qu’à l’horizontal et trop haut. Tout le monde en veut, tout le monde en rêve, et les enfants du Fordisme en crèvent : plus d’usine, plus de chaîne, mais tant de frères et sœurs. Les Français non méridionaux croiront que les Pieds Noirs tiennent leur vengeance. Mais non : les Pieds Nickelés mes amis, les Pieds Nickelés ! Ils se croient nombreux parce qu’en ligne, on est toujours nombreux.

Mais il se trouve que, si j’ai eu tant de vies antérieures en soldat de l’Empire, en Grognard, en Poilu, en débarquant de Canada en Normandie, c’est parce que, comme d’autres, je les ai laissé tirer dans mon propre dos : je m’enfuyais avec Maxime Le Forestier et Brassens, que, dans d’autres vies, j’ai tant côtoyés.