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Acheter LUI

jeudi 5 septembre 2013, par Grosse Fatigue

Aujourd’hui j’ai acheté LUI comme un con, mais vraiment comme un pauvre con. Déjà j’achetais des magazines de vélos, pour la même raison, sauf que le vélo c’est pour accélérer et LUI pour revenir en arrière. Mon père avait gardé les cinq exemplaires d’avant la mort de mon frère de LUI et j’ai vu à la cave avec une lampe électrique Marlène Jobert et tous ces poils roux et j’ai eu peur. Je retournais régulièrement à la cave pour voir Marlène mais aussi Romy et constater avec étonnement les ravages de ma virilité, la violence profonde et ce puits sans fin du désir adolescent que je croyais disparaître un jour. Au secours.

Pour la première fois de ma vie - et pourtant ça ne se fait pas - j’ai acheté LUI comme un con. Il faut dire que c’est Beigbeder qui l’a relancé. Je ne lui en veux pas : un publicitaire, ça sait faire. Trois quarts de publicité, le reste en rédactionnel survolé, trois photos de fesses à l’heure d’Haroun Tazieff gynécologue en 3D sur internet, ça casse pas trois pattes à un canard. Et le même rédacteur en chef de saluer LUI comme le canard du mâle, du beauf, du Français, je ne sais plus. C’était tellement con. Il suffisait de dire je relance le titre un an, le temps de vendre de l’espace publicitaire, et pour le reste, planquez les douze numéros à la cave ou au grenier, des fois qu’il y ait des pannes de courants et que, fini la 3D, fini les putes qui n’en peuvent plus de m’appeler par email même que je ne les connais pas du tout mais elles : si. A quoi servent des filles même pas complètement nues sur du papier glacé ? Ah oui, Léa, c’est doux, elle montre enfin ses seins qu’elle cache aux catholiques de Télérama. Je peux comprendre.

Je ne sais pas quoi faire de ce truc. Je vais le donner à un copain malade, on verra bien. J’ai perdu du temps et de l’argent mais j’ai quand même repensé à Marlène Jobert et à Romy Schneider et même à Sophie Duez qui montrait tout mais c’était dans Newlook™ et nous étions fous. A cause de la rareté. Les filles moralistes trouveront ce texte très con et je m’en fous elles auront raison. Il n’empêche qu’avec ces magazines que l’on n’achetait pas, il restait du mystère sous les jupes des filles et dans leurs soutiens-gorges. J’ai moi-même longtemps imaginé que celles-là n’aimaient pas ça et qu’on les forçait toujours un peu. Je ne sais pas ce qu’en penseront les passionnés du porno en direct. Autant visiter un abattoir à cinq heures du matin sans Dutronc et sans son chien.

Et puis zut de toutes façons. Roy me dit que je me parle à moi-même, que je ferais mieux d’arrêter. Il me dit regarde tes statistiques. T’as beau être gratuit, personne ne te lit. Alors que LUI, on paye pour. Il me dit qu’il n’y a plus que des feed pour arriver à mes textes et même pas un mot-clé sur Google. On ne vient plus ici par hasard, le hasard c’est fini, c’est comme les vieux LUI dans les caves ou les greniers, c’est fini depuis longtemps tu peux aller te coucher Jojo, t’es seul, mais alors vraiment tout seul.