Gagner, gagner du temps

La réforme des retraites. Je battrais bien en retraite si c’était possible. Ils me disent : "T’as qu’à t’en donner les moyens". Oui mais voilà. Procrastination permanente. C’est une forme de prétention. On croit toujours que l’on a le temps de faire mieux demain et c’est tous les jours pareil. Et puis on bat en retraite et l’on recule.

Je crois finalement que la seule chose qui compte est le temps que l’on compte. Je voudrais gagner du temps. Encore plus. Sans limite. Du temps pour voir les cèpes pousser la nuit quand il fait par miracle assez chaud malgré l’automne. Du temps pour jouer aux Lego™ avec les enfants, et même les enfants des autres. Du temps pour faire de la musique avec absolument n’importe qui, n’ayant plus le temps d’avoir des prétentions. Avoir le temps de regarder l’aube se lever l’été parce que l’on a eu le temps de voir le soleil se coucher, bien que, éveillé, on ait eu le temps de voir la voûte céleste éclairée d’un soleil pas si lointain : juin. Avoir le temps l’été, le temps de voir passer le temps. Si l’on pouvait gagner sa vie en gagnant son temps, ce serait la démocratie.

Je vois des gens pressés. Pressés d’en finir, toujours. Je suis pressé de commencer. Pour le reste, il vaut mieux freiner. Je retournerai bien en arrière. Histoire de gagner du temps.

Du temps pour faire. Avec les mains, pâte à modeler. Avec les pieds, courir. Avec les autres, cuisine. Sans aucun objectif que de le retenir un peu.

J’arrête là. J’ai. Euh. J’ai pas le temps.