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C’est fini

vendredi 19 octobre 2012, par Grosse Fatigue

C’est fini.

C’est ce que l’on dit aux parents du défunt quand il change de statut : de parent à défunt. C’est ainsi que l’on passe. C’est très simple, ça coupe les ponts, la chique, ça donne le change pour les témoins, les restants. On s’écroule mais il faut bien repartir, et souvent parfois (il n’y a pas d’adjectif pour dire les deux en français), ça va mieux en le disant. Parfois-souvent ça n’ira jamais mieux.

Ça n’ira jamais mieux n’est pas une bonne phrase pour l’anesthésiste-réanimateur quand il annonce que c’est fini. Il vaut mieux, pour l’annonce tant attendue, dire que c’est fini et puis voilà. Après, on part en week-end, si l’annonce est faite un vendredi et pourquoi pas, aujourd’hui, c’est vendredi.

Il me semble qu’il faudrait peut-être dire à tout le monde concerné, l’Europe, l’Occident, l’industrie, le monde que vivent ceux qui ont connu celui d’avant, donc tous les plus de trente-cinq ans, à la louche, leur dire que c’est fini.

Il ne s’agit même pas de se réveiller, ni même de s’éveiller à une sorte de changement toujours un peu prometteur. C’est fini, c’est comme ça, vous comprenez ? Les milliers de licenciements, les cohortes de chômeurs, la fuite en avant du PIB, toutes ces petites fuites ont fait de la baignoire un lieu où l’on ne prend plus de bain, il n’y a plus d’eau chaude, quelqu’un d’autre en profite, ils naviguent dans des yachts de luxe, vous avez l’air con, vous pouvez toujours devenir auto-entrepreneurs ou pigeons, sachant que le pigeon high-tech prend les autres pour des cons et non le contraire, vous pouvez faire ce que vous voulez, mais ça ne sera que rustine sur vieille baignoire en fonte made in France.

Depuis la Corrèze et pas le Zambèze, on n’a pas compris qu’aujourd’hui, le poids des mots pèse peu car nous voilà tous provinciaux. On éteint les Lumières dans le relativisme à l’anglo-saxonne, pragmatisme, communautaire, et des Etats du Golfe finiront par nous voiler les choses.

Personne pour nous annoncer doucement la nouvelle, pour nous soulager. Droite et gauche s’attardent encore à veiller le mort, à essayer de comprendre ce que nous avons oublié de faire. Des voitures, des cafetières, des téléphones, des vélo en carbone. Il aurait fallu continuer à les faire, mais ça coûtait trop cher.

Se préparer au tourisme, bien recevoir ces gens.