Dans la maison avec le grand jardin ma mère recevait des mémères et leur prédisait l’avenir contre quelques billets de cinquante francs. Les gens, et surtout les mémères, ont besoin d’en savoir plus sur leur avenir et sa durée. Enfant, j’étais fasciné par tant de crédulité. Au milieu de ses prédictions, ma mère avait quelques hallucinations délirantes qui s’avéraient vraies. Elle a ainsi prévu la mort de mon frère à une semaine près et pas grand-chose d’autre, mais ça foutait la trouille en 1975. Pour la (...)
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Chroniques de 2017
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Prospective et point de fuite
6 novembre 2015, par Grosse Fatigue -
Ne lui parle plus
4 novembre 2015, par Grosse FatigueDes amis m’ont conseillé la marche à suivre. Dans les divorces désagréables, il vaut mieux ne plus lui parler. Elle va te rendre fou alors tais-toi.
Sauf que c’est difficile de se taire quand on est bavard.
Oui mais tais-toi. Regarde ce qu’elle a fait, comment elle l’a fait, ce qu’elle t’a dit, et pourquoi elle te l’a dit, et regarde maintenant ce qu’elle demande au juge et ce qu’elle dit de toi : tais-toi. Ma sœur me dit cela, en rajoutant qu’il n’y a rien à rajouter. Elle insiste sur le silence. (...) -
40 migrants
3 novembre 2015, par Grosse FatigueGPS : PMU
"Tu te rends compte ? Ils vont en mettre quarante là-dedans ! Quarante !
C’est qui parlent même pas français ! Qu’est-ce qui vont foutre de leurs journées ?
Vont bien tout bousiller.
Oui, ils vont tout bousiller. Surtout que je me demande bien pourquoi l’immeuble est vide depuis un an !
Avant, c’était des bidasses là-dedans. Y’avait pas de problème !
Non, avant, c’était tranquille. Mais là, on va rien reconnaître !
En plus ils parlent pas français.
Tu l’as déjà dit qui parlaient (...) -
Vers un féminisme voilé
29 octobre 2015, par Grosse FatigueJ’ai toujours été féministe. Surtout à cause des punks en troisième. Ça vous collait des mains aux culs des filles comme on soupesait les potirons, mais pas qu’en octobre, et mes copines en souffraient, et j’étais bien incapable de leur péter la gueule, surtout que, bizarre, ceux-là plaisaient aux filles, je veux dire à d’autres filles.
Je suis toujours féministe. Surtout depuis que j’ai vu les regards des Rastas reluquant ma fille treize ans seulement. Ce n’est pas tant que je ne connaissais pas cette (...) -
D’autres avant nous.
28 octobre 2015, par Grosse FatigueIl n’y a pas d’avant nous, de même qu’il n’y a plus d’après je ne sais plus où. Le futur est maintenant, c’est l’époque qui veut ça, et le passé dans les photos au fond des cartons, se réduit à ses deux dimensions dans le noir des boîtes.
Passons.
Hier soir, petite fête à la maison. Comptons les amis et les enfants des amis, et les adolescents et nos filles si jolies bientôt femmes qui font de leurs pères des types incertains. J’ai fait une cinquantaine de crêpes au rhum, puis, en direct, des crêpes salées. (...) -
Obésitude
28 octobre 2015, par Grosse FatigueLe buffet chinois est peut-être une idée américaine. Avec les quatre enfants, avant d’entrer, nous prenons les paris : combien d’obèses à table ?
La petite avait dit sept, et elle avait raison. Comme d’habitude, elle se contentera d’un bol de riz à dix Euros et de rien d’autre, avec compensation par le grand-frère qui reprendra de la glace, alors que mon autre fille est malade et s’écroule à table. Le petit nous raconte des histoires de super-reptiles, inspiré par la décoration kitschissime des Chinois (...) -
Seul sur terre. Heurts divers.
26 octobre 2015, par Grosse FatigueIl paraîtrait qu’Hitler ne voulait pas de génocide. Il paraîtrait que c’est de la faute au grand Mufti de Jérusalem. Plus rien ne m’étonne. Autrefois, les nostalgiques de la croix gammée disaient ce genre d’âneries. Aujourd’hui, c’est le premier ministre israëlien. A-t-il dîné avec Dieudonné ?
Peu importe. Une chose est sûre : il faut ré-écrire l’histoire. Ça rassure.
En poussant la porte de la salle obscure hier soir, avant de changer d’heure, j’ai regardé la nuque de mon fils. Il a quinze ans. Sa nuque est (...) -
Voilà
23 octobre 2015, par Grosse FatigueQuand j’ai dit à François que j’avais du mal à la voir partir parce que les enfants me rappelaient leur mère, il m’a dit que j’étais con. Il m’a dit : « Ils sont autonomes, laisse-les grandir, t’es un bon père, tout ira bien ». J’ai répondu que je voyais en eux le symbole d’un amour perdu. Il a répondu : « T’es complètement con. »
Caroline m’a dit à propos de son mec, « Ben tu vois, quand sa femme s’est tirée, il a coupé les ponts, à la Spaggiari, ni haine ni violence. Il a juste coupé tous les ponts avec la mère (...) -
Je suis un mâle blanc dominant
19 octobre 2015, par Grosse FatigueDans un bar de Los Angeles en 1991, une Noire étrangement blanche me disait que j’étais un mâle blanc dominant, et que je ne pouvais pas comprendre sa situation. Je lui répondais que j’étais surtout étranger à tout cela, pas plus mâle que blanc, mais français, universaliste, de gauche, et qu’elle, en tant qu’Américaine nourrie aux 110 chaînes de télévision, au Fast-Food et à la pensée binaire, ne pouvait rien comprendre à la peine causée par une telle remarque parce qu’elle ne comprendrait sans doute pas (...)
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A propos de Mahmoud
13 octobre 2015, par Grosse FatigueMahmoud me parle. C’est un vieux copain de la fac. Il en a ras-le-bol. Des types sont venus l’enquiquiner pour de vrai dans sa librairie. Il n’avait jamais vu ça. Il ne croit en rien. Il vend des bouquins. Il boit du rouge. Il a une femme qui s’appelle Solange. Et une fille qui s’appelle Isabelle. Mahmoud est comme moi. Il n’y croit pas. Les vieilles fables pour faire peur aux enfants, il n’en a rien à foutre. Il a peur de Marine, il a peur des barbus. Il est coincé au milieu. Il retourne en Tunisie (...)