C’est l’Amérique je l’avais bien dit. Ça fait des années que je l’avais prévu, pour une fois, j’avais bien raison. Ici, un taré qui flingue à tout va dans un centre commercial allemand, là, un voyou narcissique roulant sur les gens au nom d’un dieu qui n’est rien de plus que l’illusion bien connue. Rien de nouveau au soleil. La seule chose qui vient, c’est l’Amérique.
Mes enfants sont américains. Ils pensent américain, ils mangent américain ou presque, à n’importe quelle heure bientôt, il n’y aura pas de (...)
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Chroniques de 2017
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Je me radicalise
23 juillet 2016, par Grosse Fatigue -
Le bilan carbone du mercredi, par exemple
23 mars 2016, par Grosse FatigueLe bilan carbone du mercredi n’est pas reluisant. Je ne compte plus les allers-retours consacrés à mes enfants privilégiés qui font de la musique et du sport, dans des lieux différents et à d’autres horaires. Le mercredi est une longue course-poursuite qui doit permettre aux enfants privilégiés de ne pas traîner en bas des barres d’immeubles puisque l’on n’y habite pas.
C’est l’avant-dernier aller-retour, le grand lunaire adolescent sort de sa poche une photocopie recto-verso pliée dont la plupart des (...) -
Perspectives d’avenir
8 février 2016, par Grosse FatigueLes agriculteurs nous ont bloqués pendant une heure trente. J’ai éteint le moteur. Les petits me posaient des questions. C’était difficile d’y répondre. Comment faire confiance à des types qui brûlent des pneus de tracteurs usagés en pleine ville ? Pas étonnant que ces gens-là ne reculent devant rien et balancent six ou sept litres de pesticides sur chaque pomme ramassée. A vrai dire, les agriculteurs ne m’intéressent pas plus que les actionnaires de Total™. Ce sont de vagues cousins.
J’ai vu un dessin (...) -
Munich
14 décembre 2015, par Grosse FatigueHier, 13 décembre 2015. Je ne me souviens déjà plus du temps qu’il faisait. Comme tout le monde, je suis amnésique.
Demain, mardi 15 décembre 2015. Je passe devant une juge pour expliquer que je suis un bon père.
Hier : les gens sont contents. Le Front National n’est pas passé. "Le FN enregistre un score record avec plus de sept millions de voix." J’ai parlé aux gens du bureau de vote. Il paraît qu’il y avait trois personnes de plus que la semaine d’avant.
Et la vie continue.
La douche est passée, (...) -
Entre deux totalitarismes
8 décembre 2015, par Grosse FatigueA quelques semaines près, deux totalitarismes se répondent en chœur. Tout cela est en germe depuis les années quatre-vingt, peut-être avant. Je reste persuadé que la gauche intellectuelle y est pour beaucoup, en prônant un relativisme américain de mauvais aloi. La rupture avec les Lumières est évidente : en jetant Jules Ferry avec l’eau du bain anti-colonial, on a jeté la possibilité du mélange à la française, et l’on savoure aujourd’hui le communautarisme merdique du respect-de-la-culture-de-l’autre... Je (...)
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La vague noire comme à chaque fois
7 décembre 2015, par Grosse FatigueJe n’ai pas regardé la télévision. Je connais d’avance les chiffres, les tics de langage, les attitudes, les cravates roses, les sourires, les déceptions, le champagne coule à flot au siège du Front National. Je connais depuis trente ans. Hier soir, on a fêté les cinquante ans d’un ami que je connais aussi depuis trente ans. il y avait sa sœur. Elle a maintenant cinquante-trois ans. Et j’ai tremblé à côté d’elle, en lui avouant que ça n’est pas rien de revoir plus de trente ans après le fantasme de ses (...)
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CRS en 2017
3 décembre 2015, par Grosse FatigueLes mauvais élèves nés en 1998 pourront toujours être CRS en 2017 : c’est un métier d’avenir et je garantis le niveau de l’offre. A lire la presse spécialisée et les sites libertaires, j’ai des relents de 1986 - ma jeunesse rêvée - et les pavés des anars devant l’Assemblée Nationale, et Higelin et sa fille sur ses épaules, à rêver de sa jeunesse à lui ou plus ou moins, au milieu de notre immense foule. Devaquet si tu savais ce que tout cela est devenu. La privatisation de l’université n’ayant pas eu lieu, (...)
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Des tapis violents
24 novembre 2015, par Grosse FatigueBien sûr que je les comprends. Ces types-là, ces types qui ne valent rien et même moins que leurs pères venus de loin pour être Charlie Chaplin à la chaîne à Billancourt dans des Temps Modernes dépassés, et puis les voilà trois générations après dans des cités moches à ne rien faire, bien sûr que je les comprends. On leur a dit qu’ils étaient d’ailleurs et d’ailleurs ça n’était pas toujours vrai, on leur a dit qu’ils avaient une culture, voire qu’on allait leur enseigner la langue de leurs pères comme si c’était (...)
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1938 au conditionnel passé
18 novembre 2015, par Grosse FatigueSur la toile fleurissent les messages de paix. C’est très beau. C’est aussi très fort, surtout quand ces messages de paix viennent des amis, des compagnons, des amoureux, de l’un des morts parisiens.
Oui, c’est très beau.
Aurait-on tué l’un de mes enfants, en serais-je capable ?
Je ne crois pas.
En jetant à la poubelle la béatitude catholique depuis toujours, j’avoue ne pas trop croire à la gentillesse face à la barbarie. Et comme l’histoire ne nous apprend rien, je me souviens de 1938, de Daladier, (...) -
Tattoos et tabous
6 novembre 2015, par Grosse FatigueN’est pas Levi-Strauss qui veut. En observant les étudiants depuis plus de vingt ans, j’ai rangé mes idéaux dans un placard Ikea™, j’ai jeté les clefs du piano dans l’eau, et j’irais bien voir les rois de la brocante pour vendre mon cœur trois francs cinquante....
Au début, en septembre de je ne sais plus quelle année, elles se montraient leur nombril. Il n’y avait qu’un seul nombril comme dans l’idée d’obsession. Un seul nombril. Comme ça, au début du cours, des tas d’étudiantes avaient l’air, (...)