Ligue 1 et jeux de guerre : une vidéo en direct de la rentrée des classes

Un philosophe commente la rentrée sur France-Inter. Je ne sais pas d’où sort le philosophe, mais ce n’est pas Socrate, ni Hannah Arendt, ni rien. Il nous parle de l’école, de cette terrifiante machine à sélectionner les élèves, à les rabaisser, de cette école bourgeoise qui classe, qui calcule, inculque et réprime. Il faudrait, à son avis de philosophe, que l’école "ouvre", "épanouisse", et arrête d’enfermer, de stigmatiser, etc...

Putain le trou dans l’espace-temps !

Me voilà en 1950.

Je ne savais pas que les profs actuels stigmatisaient ou hiérarchisaient ou tout ça. Ce type a sans doute lu Bourdieu dans la collection du Reader’s digest. Tout y est si simple, si facile. Opprimés et oppresseurs. Bourgeois prolos, capitalisme en toile de fond.

Tout ça pour dire que ce type, j’ai pensé à lui ce matin dans le hall de l’école primaire où mes deux filles rentraient. L’une en pleurant un peu, elle est sensible, l’autre non. Les instituteurs obéissent à la règle. Un bordel à la française, à la mai 40. La directrice sans voix appelle chaque enfant, d’abord les CP, puis les CE1, etc, pendant que les autres instituteurs attendent. Les parents parlent en désordre et les enfants s’ennuient déjà. Pas une pancarte pour indiquer une ligne pour chaque classe, avec un instituteur derrière qui ferait l’appel. Deux heures de perdues à regarder les pauvres gamins broyés dans cette machine inégalitaire, qui obéit au programme comme me dit mon ancienne voisine, rassurée.

Heureusement qu’il y a le programme. A la fin du CE1, on arrive enfin à lire à peu près. Pas mal pour un apprentissage en trois ans. Mais qu’importe ! La vérité est derrière moi. Deux mères un père. Deux gamins prolos. Elles ne fument pas c’est interdit. Mais la peau trahit bien mieux chez les pauvres les ravages du tabac. Les riches ont les moyens de la crème. Elles parlent avec le père. Il paraît qu’à partir de six ans, l’école est obligatoire. Ils ne sont pas certains que l’école serve à grand-chose. Servira-t-elle aux deux marmots en survêtements Décathlon™ qui leur font face ?
Ces deux-là ont déjà leurs discussions. Ligue 1 et jeux de guerre. J’exagère. Pourtant j’écoute. C’est bien ça. Ligue 1 et jeux de guerre.

Ah mais j’exagère.

L’école n’est pas là pour apprendre le bon goût.

L’école n’est pas là, c’est tout.