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Johny got his gun. Ginette aussi.

vendredi 27 novembre 2015, par Grosse Fatigue

Ma collègue passe beaucoup de temps au téléphone. Elle est bien brave, elle est sympathique. Elle parle beaucoup.

Johnny Hallyday irait bien faire la guerre à Daesh s’il n’était pas si vieux. L’idole des jeunes devenus vieux est très courageux. Si seulement il était allé faire la guerre quand il était jeune, la musique française aurait peut-être élevé le ton. Johnny à la guerre au Congo belge ? Tintin chantant le rock’n’roll.... Mais qu’importe. On n’agit pas sur le passé. Johnny se veut courageux. Ma collègue aussi.

Elle dit qu’on ne se laissera pas faire, que l’on va se battre. Quand on voit son gabarit, on comprend mieux que la promesse guerrière est liée à l’épaisseur de son iphone™. Face à une kalachnikov™, ses os ne tiendraient pas longtemps. Non, on ne va pas se battre. La première chose que l’on va faire, c’est oublier. Comme on a oublié Cabu ou Wolinski, on va oublier. On aura peur. Mais on va oublier. Les familles touchées n’oublieront rien. Mais elles sont peu nombreuses. Au jeu des chiffres, elles rejoindront les familles des cancéreux, des accidentés de la route, des cirrhoses du foie. On rangera les drapeaux tricolores, on oubliera la Marseillaise, on rejouera au football. Il y aura moins de monde dans les concerts parque l’on n’ira pas se battre : on aura la trouille. C’est tout ce que l’on aura. Et ça devrait faire vendre.

Quand il y a des morts dans la famille, on ne regarde pas leurs photos. Puis on les retrouve dans des cartons poussiéreux. Puis on les cache : à quoi bon ? Les morts ne font que nous détruire à l’intérieur, ils se rappellent à notre souvenir. C’est là le terrorisme suprême.

L’époque n’est pas aux prophéties, à la rédemption, ni aux marches triomphales. La religion revendiquée est laissée aux crétins, au tiers-monde ou aux Américains (la même chose peut-être). Nous avons le courage de nos technologies, et ce courage s’arrête à la limite du CONFORT. Les types en face n’en ont cure. Nous en avons le droit. Putain de confort moderne.

On ne va pas se laisser faire, on va se battre. Pour notre confort Ginette, pour notre confort. Ginette se voit en Malraux, en Orwell, ou peut-être juste en Bernanos à compter les coups, à regarder les cadavres. La Syrie est peut-être une nouvelle guerre d’Espagne où l’on savoure le goût du sang, une corrida en ligne, une corrida globale, un spectacle. Mais résister ou se battre ?

La belle affaire.