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Vers un féminisme voilé

jeudi 29 octobre 2015, par Grosse Fatigue

J’ai toujours été féministe. Surtout à cause des punks en troisième. Ça vous collait des mains aux culs des filles comme on soupesait les potirons, mais pas qu’en octobre, et mes copines en souffraient, et j’étais bien incapable de leur péter la gueule, surtout que, bizarre, ceux-là plaisaient aux filles, je veux dire à d’autres filles.

Je suis toujours féministe. Surtout depuis que j’ai vu les regards des Rastas reluquant ma fille treize ans seulement. Ce n’est pas tant que je ne connaissais pas cette agressivité certaine de certains. C’est que je n’étais pas concerné.

Voilà, j’ai montré patte blanche.

Dans un forum lointain, j’ai été agressé par un personnage, l’un de ces commissaires de la novlangue comme il en existe tant, et qui se présente comme une femme, c’est-à-dire quelqu’un qui n’a pas de bite, à vrai dire, puisqu’elle nous soupçonne de penser grâce à cela, ce qui n’est donc pas son cas. Au-delà de la médiocrité du propos (l’exagération est telle qu’elle confine au ridicule), j’ai enfin compris pourquoi l’extrême-gauche soutenait les femmes voilées. C’est qu’il s’agit d’un aboutissement. A force de soupçonner les hommes d’être des violeurs en puissance, et je précise : tous les hommes, les néo-féministes dogmatiques oublient que l’utopie vraie serait de permettre à tous de séduire qui il veut, et de préférence par un regard subtil plutôt qu’à travers l’interface confuse de l’abattoir standard des sites de rencontres. Car, là encore : il faut montrer patte blanche. Quand l’une des intervenantes précise qu’une amie serveuse ne sourit plus aux hommes ; ses clients ; parce qu’ils veulent tous la séduire, j’en ai conclu qu’il était bien logique que devant une agression aussi permanente et universelle, qui renvoie les hommes à leurs particules génitales, la meilleure des mesures était d’empêcher les femmes d’être capables d’en faire autant, et donc de les voiler. Je ne suis donc pas étonné de voir pourquoi l’on défend les femmes voilées, moi qui les considère comme des aliénées d’un pouvoir machiste d’un autre âge : c’est pour les protéger de cette capacité à plaire, à ce pouvoir séducteur qu’elles ont aussi, et qui est l’apanage de quelques rares sociétés libres.

Je dois aussi avouer qu’ayant fréquenté les Etats-Unis dans un temps lointain, j’ai été étonné de voir à quel point les hommes et les femmes se comportaient très différemment, remplissant des rôles prédéterminés avec vaillance et sans aucun sens critique. A ma première visite de Boston, je fus étonné de voir à quel point les groupes étaient unisexe, et qu’il était très rare de voir hommes et femmes se mélanger lors du déjeuner. Il est vrai aussi que dans ce subtil pays de l’apartheid de ceux qui l’aiment, il existe des écoles pour garçons et des écoles pour filles, mais aussi des écoles pour garçons noirs et des écoles pour filles noires, et je rajouterai : etc.

Dans leur pragmatisme souvent absurde, les Américains aiment à créer des catégories distinctes. Celles-ci servaient autrefois à la détestation générale, et légale, et plus particulièrement celle des blancs envers les noirs. Aujourd’hui, par une dérive sémantique redoutable, elles donnent l’illusion à chaque communauté de se protéger de l’agression de toutes les autres. Et ça fait du monde... Ainsi donc, ma féministe endiablée dans le forum lointain n’est-elle plus capable de ne voir QUE des agressions et des viols dans les regards des hommes. Car l’autre est alors réduit à une catégorie hostile, ultime aboutissement de l’idéologie US qui nous gouverne, et qui fout une sacrée merde - que l’on me passe l’expression - dans le monde entier.

Que l’on me comprenne bien : je ne nie aucunement les horreurs perpétrées sur les femmes par des connards. C’est une plaie perpétuelle, contre laquelle il faut lutter. Mais étendre à tous les hommes les attributs des violeurs, c’est faire peu de cas de notre liberté, celle de la séduction. Car autrefois ne l’oublions pas, il était hors de question de dire, de montrer, de suggérer même que quelqu’une vous plaisait : on arrangeait les mariages et le temps était compté. La drague est un privilège occidental me semble-t-il, et dans certains cas, on est décapité pour moins que cela...

Et si des femmes se voilent pour se protéger d’un machisme communautaire, c’est sans doute parce que ce qu’il reste de l’idéal républicain a été vendu au plus offrant, n’est-ce pas ?

En un mot comme en cent : vive les femmes !

(Et Reiser, et Desproges !)