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Les enfants s’adaptent à tout : on s’en fout.

lundi 12 octobre 2015, par Grosse Fatigue

Mon avocat m’a répété cela ce matin. Les enfants s’adaptent à tout. Je me souviens que l’amant de ma femme lui avait dit la même chose à elle, en un peu pire, puisque avec lui, tout est pire. Etrange

J’ai regardé mon avocat dans son immense bureau. Je me suis souvenu de l’avocate parisienne que mes parents provinciaux étaient allés chercher dans la capitale pour essayer de poursuivre l’alcoolique qui avait tué mon frère à coup d’accident de voiture. L’avocat est comme le médecin : il ne veut surtout pas qu’on le comprenne. Il n’a pas du tout de temps pour cela. Pas une minute. Il m’explique que ce qu’il dit, dans son sabir juridique, est logique. J’ai du mal à le comprendre. A vrai dire, je ne comprends rien à cette procédure ni même au temps qu’elle prendra, ni aux étapes à respecter. J’ai envie de lui parler de cyclisme, et du rôle du gregario pour un coureur moderne, ou bien de la joie d’avoir fait le Roc d’Azur™ hier sur la côte bétonnée du même nom. Il y avait de beaux paysages et des amis, c’était bien. J’aimerais aussi lui parler d’Ernst Jünger, mais je ne sais plus pourquoi. Je finis par lui dire que sa gestion d’emails est nulle... Juste pour rétablir l’équilibre.

Mais il paraît donc que les enfants s’adaptent à tout. Si c’est vrai, alors tout est permis, effectivement. On peut bien faire la guerre ou leur taper dessus, on peut bien les trimballer d’un logement à l’autre, on peut bien séparer les vrais parents des faux culs, on peut en faire n’importe quoi : l’enfance est une plaine à saccager.

Je n’arrive pas à devenir libéral. Ce n’est pas tant que je sois contre le divorce, bien au contraire. C’est juste que le langage concernant les enfants m’exaspère. Si les enfants s’adaptaient à tout, ça se saurait. Les enfants ne s’adaptent à rien, ils font comme les enfants, ils font ce qu’ils peuvent. Ils morflent et ravalent leur salive, parce qu’il faut bien vivre. Que des adultes pensent ainsi en dit long sur ce que nous sommes, ce que nous sommes devenus.

Mais il paraît qu’il n’y a pas si longtemps les enfants n’avaient pas d’importance et qu’il en mourait tant que le terme même d’enfance n’avait pas été inventé. Il y a de grande chance pour qu’elle soit désinventée à nouveau, si la chose est possible. Je garderai quand même la nostalgie de l’enfance et de ce qui va avec, simplement parce que les adultes me font peur, surtout quand ils disent ce genre de chose...