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Un bon bouquin

samedi 18 février 2012, par Grosse Fatigue

Moins cher qu’un aller New-York, un bon bouquin. J’en tiens plusieurs depuis des mois, un filon, une mine. J’en oublie tout et dès que le train démarre, même l’adolescent hirsute connecté à son Iphone™ pour jouer au casse-briques me semble aussi invisible que je ne le suis face à la libido chaleureuse des mes étudiantes de première année. Je m’envole.
Je lis "Mille femmes blanches". Encore de la littérature américaine. J’aime la littérature américaine parce que j’aime le cinéma. Je sais, c’est mal, d’un certain point de vue. J’assume, je ne suis ni normal ni normalien. Mais ça vous change de l’actualité et des profils bas, et des collègues susceptibles dès qu’on leur dit qu’ils sont obèses.

Un livre qui vous emporte, qu’on ne lâche plus, que l’on ouvre dès qu’ils ont le dos tourné. Le bonheur.

J’y viens. J’y viens.

Je sais bien que personne n’a posé de question et qu’ici, c’est le grand silence. Mais j’y viens quand même. Je me rends compte du pouvoir magique du livre dès qu’il vous envoûte. Les lignes, les signes et les mots disparaissent. S’instaure alors une nouvelle conscience hypnotique, détachée du papier, qui flotte et se laisse aller dans le courant des mots. Parfois je m’arrête de lire juste pour voir le livre lui-même avant d’y replonger, et de changer de monde. Je viens d’en avoir la sensation précise. Le livre est un rêve imposé qui vous emmène. C’est de cela dont on a besoin. Je suis d’ailleurs persuadé que seul le papier nous emmène. Aucune tablette électronique ne sera capable de faire cela, car elle n’est pas discrète, elle frime, elle est lumineuse. Le livre est modeste, il se cache derrière les mots et c’est l’hypnose.

Et puis voilà : je me réveille au milieu du cours que j’anime. Je dis à un étudiant d’enlever ses écouteurs et de fermer son ordinateur portable. Il me répond qu’il se concentre mieux avec de la musique à fond.

Dur retour aux réalités. Ce type, c’est déjà la France de demain. Et le monde entier est peuplé de gens comme lui. La bouillie multicanal, c’est bien normal.

Reste le club des dinosaures : bienvenue.