GROSSE FATIGUE cause toujours....

Accueil > Chroniques de 2017 > Pédagogisme

Pédagogisme

mercredi 17 juin 2015, par Grosse Fatigue

Le pédagogisme a la vie dure. C’est terrible. Il a la vie dure parce qu’il nous fait croire que c’est un progressisme. Le pédagogisme n’est pas un progressisme. Ça n’est pas un progrès non plus. C’est une théorie sous prétexte.

Sous prétexte d’aider les défavorisés, les gamins des banlieues, ceux des prolos, des pauvres, des immigrés, des paysans, enfin bref, sous prétexte d’aider ceux qui ne peuvent pas l’être par leurs papas et leurs mamans, on invente des théories à l’abri des faits. Ce qui me fascine.

Car je me souviens de mes parents. Mon père a quitté l’école à quatorze ans. Il est devenu menuisier-ébéniste puis s’est engagé dans l’armée coloniale en 1936. Mon père ne faisait jamais une faute d’orthographe. Jamais. Il ne disait jamais non plus de gros mots. Mais c’est une autre affaire.

Ma mère a quitté l’école vers seize ans. Issue d’une famille bourgeoise, on lui a cherché un mari. Pas de pot : elle est tombée sur un prolo. Ma mère a quitté l’école à seize ans mais ne faisait jamais une faute d’orthographe. Mes parents lisaient le journal local tous les jours, et comptaient parfaitement, à défaut d’avoir de l’argent à compter.

Parmi leurs amis du même genre, voire parmi ceux qui en avaient moins, je n’ai jamais vu quelqu’un s’exprimer mal. Quant à mes frères et sœurs dont aucun n’a dépassé le niveau de la troisième, je n’en connais aucun ne maîtrisant pas le français. Alors qu’aucun ne possède un quelconque diplôme.

Tout ça pour dire quoi ?

Que le pédagogisme, l’élève au centre, l’apprenant, la refonte des programmes, la simplification, l’élimination des lettres, du latin, du grec, des notes, du bac, de ce que l’on veut, ne changera strictement rien. Les faits sont là : le niveau, on s’en fout. Des centaines d’enquêtes PISA continueront à placer la France de plus en plus bas, et ça n’intéressera personne. Seuls quelques professeurs survivants tâcheront de résister en repérant, ici ou là, deux ou trois gamins mal favorisés mais suffisamment attentifs pour rédiger avec élégance en digérant ce qu’ils ont lu. Il faut bien comprendre que l’hypocrisie globale est une hypocrisie de classe. La classe parisienne. Car les enfants des autres, nos ministres s’en foutent. Il faudrait - par exemple - demander à chaque député ce que font ses enfants. A chaque ministre. Et comparer. On découvrirait sans surprise que l’éducation familiale de nos élites est bien différente de ce que cette même élite propose au tout-venant, à la populace, à nous-mêmes. Aucune réforme ne pourra améliorer le sort des enfants des autres.

Il faudrait pour cela.... revenir en arrière.

C’est ringard, n’est-ce pas ?