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Un écran au-dessus

vendredi 3 avril 2015, par Grosse Fatigue

Autrefois, la réalité dépassait la fiction. Le bénéfice de l’âge m’a appris à mes dépens qu’effectivement, l’imprévisible est trop souvent la loi, surtout en matière d’amour, petit : méfie-toi. Il faut s’attendre à tout.

Je pensais à tout cela en flânant sans entrain dans les couloirs de la FNAC. J’ai lu chez le dentiste auparavant une publicité pour Mercedes™ vantant la nouveauté le design et la connectivité totale d’une nouvelle bagnole. Il va falloir trouver des chauffeurs au Bangladesh, j’imagine.

J’ai l’impression que la nouveauté s’essouffle. Je n’en suis pas certain alors j’ai flâné dans les rayons.

J’ai été surpris par la qualité d’image. Tout ce qui passe sur les écrans géants plats ou courbés, tout ce qui est filmé, tout ce qui est supposé vivre semble plus vrai que vrai, si brillant, si clinquant, comme naturellement vernis par autre chose que la lumière du soleil. La vie en Blu-Ray™, l’horreur en somme.

Après-demain, les jeux vidéo vont être totalement réalistes, puis vont dépasser la fiction. La réalité va paraître extrêmement terne aux gens connectés. Dans le train, les paysages ont disparu. Je l’ai déjà dit. Le bénéfice de l’âge. Je regarde un colibri sur une fleur. La réalité ne ressemble pas à cela. J’ai déjà vu des colibris en Guadeloupe. Là, je vois un colibri aussi gros qu’un corbeau au ralenti dans un studio hollywoodien. Qu’est-ce qui me prouve que ? Hein ? Qu’est-ce qui me prouve que ? J’en deviendrais presque exigeant dans la vraie vie. Heureusement que je ne retourne pas en Guadeloupe demain ni la veille... Découvrir que les colibris sont minuscules, impossible à voir, quelle déception. Et ces types qui grimpent en haut des icebergs ? On est loin du Titanic. Les risques ont disparu. Le monde est un terrain de jeu en deux dimensions, avec ralentis et couleurs chatoyantes. La vraie vie va être décevante.... Dois-je me faire greffer une camera dans l’œil et puis me taire ?

Bôf.

Et puis une musique familière, dans le rayon chaînes hi-fi. La guerre des étoiles™, la seule, la vraie, avec Luke Skywalker dans le désert, un monstre dans un trou, Jaba le Hutt, enfin tout ce que j’aime. Ça vieillit mal, la lumière est fade, les costumes dérisoires, les casques rouillés. On dirait que c’est vrai. Autrefois, il n’y avait pas mieux.

On croit rêver.