New ! Don’t vote !

De mes années étudiantes anarchistes plus ou moins, des filles, des amis, du temps perdu, des week-end seul, il ne me reste rien. J’essaye de garder au fond de moi le sentiment de liberté procuré par l’idée même d’être un peu anar. Je me souviens de conversations encourageantes à propos des élections, de l’inutile déploiement d’espoir pour des batailles perdues. Des Devaquet si tu savais, mais il n’a jamais su et que devient-il ? On s’en fout.

Depuis une semaine, je ne vote plus Eva Joly. Plus jamais. Le coup des jours fériés. J’en veux juste un pour les athées, je me le suis déjà dit. Pas de jour férié pour les religieux. Les religieux ? Le silence leur va si bien.

Depuis hier, je ne vote plus François Hollande. Le petit ronronneur va picorer du chasseur à droite, de la bourgeoise à gauche. Et des promesses d’assouplir les lois sur l’environnement, et des promesses surtout. Putain ce mec, il reste gros à l’intérieur.

Depuis toujours je ne vote pas François Bayrou. L’agrégé de lettres devrait se taire, voir plus haut.

Depuis longtemps je ne voterai pas Front de Gauche parce que je n’aime pas les fronts, trop rarement populaires.

Il reste les trotskistes, qu’il faut laisser reposer en paix, comme une bonne pâte que personne n’ira jamais pétrir. Enfin, espérons-le.

Je voterais bien Sarkozy, mais c’est un type de provocation à un coup, faut pas.

Je crois que je n’irais pas voter. Il reste la Marine et son casque à pointe. Elle sera là au second tour, toute sa vie, elle sera là au second tour, éternelle Poulidor mais sans la petite reine, juste la petite rage. Et puis si jamais il fallait sortir les pistolets à eau, la Chine nous en fournirait.

Non, je n’irais pas voter. Je continuerais à militer pour les chaudières aux granulets de bois, contre la bagnole et pour les disques vinyles. Je suis complètement minable.