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Le jour où François Hollande m’est devenu sympathique

samedi 6 septembre 2014, par Grosse Fatigue

Aujourd’hui à huit heure quarante six, François Hollande m’est devenu sympathique. De même qu’Emmanuel Carrère a cru en dieu un certain temps - ce qui me fait beaucoup douter de la clairvoyance du bonhomme - de même François Hollande me plaît aujourd’hui.

Le voilà attaqué par quelque pute bourgeoise aux traits tirées, rien pour inspirer l’amour et pour laquelle Eva Braun ressemble à la tendresse. Voilà que la dimension pipole, c’est-à-dire vulgaire, d’une époque où tout fait spectacle, où les voyous se trouvent une religion pour aller assassiner des étrangers qui leur ressemblent, voilà que la vraie vie est un jeu vidéo ET une série américaine. Alors le petit gros qui parle sous la pluie me devient sympathique.

Oui, bien sûr, il reste sa politique. Je pense qu’il en a une, enfin, j’imagine. Tout autant que les impuissants précédents, il a sans doute une idée parfois. Qu’il aime ou non les édentés, je m’en moque bien. Que la gauche n’existe plus, ça fait longtemps que je m’en étais aperçu. J’ai connu Mitterrand quand il fût élu, j’étais en troisième avec des punks qui faisaient espagnol et n’aimaient pas les étrangers. Je me souviens bien de l’époque, et je ne croyais les dires de mes parents à son propos, sur son passé. Mitterrand était de droite depuis toujours et la gauche est morte aussitôt éclose. Ses amis dos courbés n’avaient rien de gauche, et se moquaient bien des "sans dent", terme équivoque et mal choisi, puisque "édentés" suffirait bien. L’abandon de la classe ouvrière ne date pas d’hier, aucun tweet pour le confirmer. Mais les livres abondent. D’autres problèmes surgissent. Mais celui-là fera éclore 2017.

Par ailleurs aujourd’hui, on décapite à tour de bras, et pas mal de gamins cliquent sur "like" à la vue de ce genre d’image. Alors qu’un bonhomme rond parle sous la pluie et se fasse huer, cela m’est sympathique.

Comment en est-on arrivé là ? Bon sang, comment ? Comment peut-on aimer voir des gens se faire décapiter ? Des années de lutte contre la peine de mort et revoilà la mort, à l’espagnol, avec du sang et une arène planétaire, et revoilà les amoureux de la mort, les nouveaux phalangistes, les nouveaux fascistes. Il nous faut du spectacle, et le pire fera l’affaire. Debord avait raison.

Alors les affaires du petit président et les sondages en berne, à côté....

Voilà pour le décor. Voilà pour le préambule. Tout cela nous annonce 2017, comme une série de science-fiction des années quatre-vingt. 2017 va nous en faire voir de belles. Les journalistes se jettent déjà sur les perspectives sombres, 2017 fait vendre, on dirait du Philip K. Dick., et c’est mauvais signe. 2017 est un nouveau fantasme, et les sondages se prennent pour les fondations d’un monde nouveau, redressé par une fausse-blonde.

Un prolo nous annonce qu’il va picoler à la radio : c’est la grande braderie de Lille. Que faire d’autre ?