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Merci aux Américains : je regarde la télévision.

vendredi 15 août 2014, par Grosse Fatigue

Les vacances pluvieuses à la montagne me permettent de mieux comprendre le monde, coincé dans un appartement bien chauffé en plein été, devant un écran géant intelligent. Je regarde Arté qui repasse sans cesse de belles émissions sur les dinosaures de mon enfance, ceux-là même qui n’intéressent plus vraiment les enfants d’aujourd’hui. D’autres émissions nous racontent l’histoire de la terre, et j’aimerais bien devenir géologue ou astrophysicien. Je vois dans la science cette capacité de la perspective lointaine, qui nous protège de tout fanatisme et de ces croyances qui nous rabaissent. Il faudrait donner des cours d’astronomie à tous les bigots. Ce serait le rôle de l’Etat. Il n’y aurait plus d’écoles privées.

Les émissions pédagogiques me renvoient à mes frustrations de prof. Alors que l’on sait tant de choses, pourquoi Auguste Comte a-t-il encore et toujours tort ? Pourquoi les croyances sont-elles toujours aussi fortes ? Pourquoi cette femme voilée à la patinoire ?

Je regarde une émission sur des jumeaux obèses en zappant, tout en lisant Le Monde Diplomatique à propos de l’Irak. Je me trahis, je m’éparpille. Tant pour les obèses que pour l’Irak, la conception américaine du monde est une catastrophe. J’ai croisé des marcheurs trop gros avec des paquets de chips à la main, l’invasion est subtile. En regardant Le Distrait l’autre soir, j’ai eu confirmation de l’augmentation de la taille des automobiles européennes. Les gamins n’ont pas aimé. Tout grossit à vue d’œil.

Il va falloir attendre l’ère de la fin du pétrole. Sa fin reflue.

Grâce aux Américains, tout est possible. On ré-éduque des jumeaux obèses en leur faisant faire de la musculation et des commandos militaires. A aucun moment, on ne leur précise qu’ils bouffent trop. Ils véhiculent eux-mêmes un fatras psycho-absurde de relation au père, obèse lui-même. Non, jamais on ne leur explique que le prolétariat américain n’a plus aucune éducation, et consiste en un gros estomac de consommateurs permanents dont ils font partie. Les vraies causes, si simples, si évidentes, sont oubliées au profit du profit qu’on en tire. Faire croire aux gros qu’il faut se muscler, c’est énorme : c’est américain. A la fin, la fille ne pèse plus que quatre-vingt dix kilos, satisfaite.

Il en va de même en Irak. Le mensonge a fabriqué bien mieux qu’une dictature. Les Américains ont mis en place leur communautarisme appliqué. La seule chose qu’ils connaissent, au nom d’un pragmatisme incapable de s’élever au-dessus des revendications. Dernière évidence (en anglais dans le texte) : un chef de la police noir remplace un chef de la police blanc, là où l’on a tué un noir. Tout devrait aller mieux. Pas d’hypothèse, pas de théorie. Même si Rousseau avait tort, on pouvait quand même imaginer autre chose que le pragmatisme qui mène à la barbarie. Mais l’imagination américaine est réservée à la science-fiction. Même là, on y retrouve des communautés sans croisement - au sens biologique - et jamais les Noirs ne couchent avec les Blancs dans Matrix....

Roy intervient. C’est vrai qu’il est revenu et me reproche la faiblesse de mon vocabulaire, la petitesse de mon analyse, et ma capacité sans limite à perdre mon temps. Il me demande si j’écris pour moi ou quoi ? Et le jazz ? Ah oui, il reste le jazz. Je ressasse le jazz.

Mais personne pour le mettre en place en Irak. Le jazz américain est subventionné par les festivals d’été en Europe. Moi aussi je sais être pragmatique quand il le faut : le jazz est mort et vit sous perfusion à Marciac, à Vienne, en Hollande et ailleurs.

Il faudrait proposer autre chose.