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Le problème de la mode : le retour de la peau lisse.

lundi 16 juin 2014, par Grosse Fatigue

Mes gamins essayent d’être à la mode, cela m’est très pénible. Comme le disait le grand Georg Simmel, la mode, c’est un écart. Il faut se conformer à quelque chose tout en se distinguant d’autre chose et ce, à intervalles réguliers. Les gamins cherchent tous ce conformisme idiot, allant jusqu’à croire qu’ils aiment Stromae bien qu’ils soient encore assidus au Conservatoire et écoutent Mozart avec une certaine joie, ce qui n’est toujours pas mon cas. Ils copient leurs copines qui copient leurs mères qui lisent Marie-Claire et veulent rester jeunes. D’autres, de classes sociales moins favorisées, leur imposent leurs idoles crétines, et voilà que Nabila est dorénavant le synonyme de débile et c’est très bien : il faut enrichir notre vocabulaire. La langue n’est pas morte.

Alors j’explique à mes enfants le paradoxe qui nous guette. Deux tendances majeures de la mode touchent plus particulièrement au corps, et, en cela, m’inquiètent ou m’intriguent, m’amusent assurément m’imaginant peu concerné. Poils et tatouages rivalisent pour coloniser nos peaux, et, semble-t-il, ce dernier aurait gagné la partie.

C’est oublier le principe de Simmel. Les modes ne sont pas éternelles. On peut donc sans erreur imaginer un grand retour de la peau lisse [1]., sans signe de distinction, d’ici une bonne dizaine d’années, avec le changement de génération. Les tatoués iront se faire dé-tatouer, et leurs peaux flasques et livides seront garnies de cicatrices étranges, symbolisant à merveille la vacuité de leur jeunesse. On peut aussi imaginer un retour du poil, ce qui serait - mais je ris d’avance - la mode à Hollywood. C’est sans compter avec l’épilation définitive qui ne verra plus jamais repousser la moindre touffe - Monsanto™ oblige - sur les pubis déqualifiés, comme les monuments aux morts d’autrefois.

Il reste bien entendu la solution paradoxale de l’avenir : se faire tatouer des poils sous les bras, là où le laser a définitivement éradiqué le gazon voluptueux de nos animalités. TOUT EST POSSIBLE. Ou bien se faire greffer des cheveux là où les poils ont disparu, retour de l’animal, du végétal, de la réalité humaine, avec la sueur, le pipi, le caca-boudin : tout est possible chez les incultes. Mais j’avoue que le tatouage de poils est une idée qui m’enthousiasme. Il existe déjà des produits de ce type pour les chauves, il me semble que le marché est prometteur.


[1J’aime les jeux de mots et j’assume