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Cherche religion pratique

mardi 8 avril 2014, par Grosse Fatigue

Je cherche une religion me garantissant une réincarnation à vie (hihihi) en mouche près des fenêtres où dorment les femmes de vingt ans aimant la littérature. Je cherche une religion me permettant à jamais de retourner en arrière ou d’accélérer le film pour en faire un autre et changer de bobine. Je cherche une religion argentique, analogique, décadente. Une religion sans péché de chair. Ou plutôt si : pour la culpabilité. Mais surtout, je cherche une religion me permettant de revenir en pleine conscience de mes différents passés afin d’améliorer la première caresse après le premier regard place Saint Michel à Paris lorsque les étudiantes ont encore l’illusion de leur première vie et pas moi.

Je cherche une religion grâce à laquelle je commencerai la batterie à quatre ans et le piano l’année d’après, avant d’entamer un tour du monde avec des parents diplomates et anarchistes. Je goûterais tous les plats du monde et grimperais toutes les montagnes, à une époque où l’on pouvait encore croiser Ernst Jünger en entomologiste et Miles Davis en noir & blanc. Une religion avec un contrat écrit stipulant les règles du passé et les accords du retour, conditions fournies, niveau d’imagination parentale, possibilités délirantes, disponibilité de femmes alentour. Autant dire dans un pays où tout est possible. Il faudrait revenir en Europe, et même en France, car à vrai dire, à part l’Italie trop constipée du pape mais si aérienne dans ses ruines, je ne vois nulle part où réunir l’ensemble des contraintes. Je manque sérieusement d’imagination à ce niveau. Il y a bien New-York, mais les jolies femmes sont si rares qu’elles sont constamment prises par les hommes riches : c’est même écrit dans l’une de leurs lois et jamais amendé. Etant Français, je ne cherche pas une religion me garantissant la richesse, bien que protestant souvent en moi-même contre la pauvreté des autres que je considère en bon marxiste comme une injustice faite à l’idée même de ce que devrait être l’opium du peuple : ici et maintenant. Il est vrai que cet opium-là avait de la gueule à l’époque des cathédrales malgré les morts des échafauds, des échafaudages, et qu’elle a gardé parfois des élans d’enthousiasme et de frissons dans le gospel dont on dépouillerait bien les Noirs d’Amérique pour les maternelles françaises ou les radios commerciales. Impossible, tout est impossible hélas.

Je cherche une religion pour me refaire une santé, à la manière d’un clonage pour tromper ma femme tout en restant à la maison. Le dédoublement de personnalité y serait autorisé, on pourrait même se multiplier à l’envie en fonction de ces dames, pour peu que l’on traverse un village fêtant les vraies jumelles, ce qui arrive - je crois - en Bretagne une fois l’an. Je cherche une religion d’incroyants drôles mais optimistes bien que ce fût rare ; regardez Desproges ; c’est d’ailleurs pour cela que les comiques français sont si tristes, incapables de ce pessimisme qui rend le quotidien suffisamment noir pour en rire.

Je cherche une religion avec icônes et déconnades, une religion connaissant la fin froidement, pour nous promettre une vie avant la mort, ce qui serait la moindre des choses pour la plupart des gens.

Ceci dit, j’ai d’autres choses à faire et le devoir t’appelle cher lecteur. Nous sommes lundi matin, nous sommes donc déjà quelque chose, ce qui fait vaguement chaud au coeur.