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J’veux du blanco, j’veux du white !

lundi 31 mars 2014, par Grosse Fatigue

Le blanco, c’est surtout pour effacer les fautes d’orthographe, hein papa ? Eh bien non petit. Le blanco, c’est pour t’effacer toi. Car oui, nous autres pas blancs, figure-toi que le licencié en histoire qui va finir par être ministre premier ce soir, n’aime pas trop les autres, les pas white, les pas blancos. Oh non ! Je n’exagère pas. On fait un plat de la vague vague bleue marine mon cul, mais qu’un nouveau Déat sans profession vienne à diriger le pays, personne pour s’en étonner.

Mais, petit, à vrai dire : on s’en fout.

Que ce larron communicateur et rien d’autre arrive enfin en bout de course ne peut que nous plaire. Son impuissance à voir plus loin que les trottoirs du marché de son ex-ville devrait nous réjouir. Autrefois, les hommes politiques - sans doute parce que je n’étais, et toi non plus, pas encore né - exaltaient une sorte de grandeur, même dans la bassesse. Par exemple, Mitterrand, cette ordure d’extrême-droite, avait su séduire les masses de gauche en leur donnant l’espoir, à défaut de trouver un boulot, de dépénaliser la peine de mort. Les mesures symboliques sont très utiles aux hommes politiques, bien plus que l’imagination qu’ils n’ont jamais. Si les hommes politiques avaient de l’imagination, ils seraient écrivains. Souvent ils en rêvent. Mais voilà : rien. Qu’un type aussi médiocre que Manuel Valls plaise aux foules (lesquelles déjà ?), c’est un signe.

Mais papa, un signe de quoi ?

Eh bien, de la petitesse ! Du rien, c’est l’ère du vide mon enfant. Je te prépare déjà, ainsi que tes frères et sœurs, à dealer ton imagination chez les Ricains, les Chinois ou même en Afrique, lieux de demain d’après les libéraux avancés. Que peut-on attendre d’un type qui n’a qu’une licence d’histoire (autrement dit à peine le bac), et qui a préféré cirer les pompes à l’UNEF-ID plutôt que de lire Alain Corbin, "Le miasme et la jonquille", ce petit chef-d’œuvre de l’odeur ? On ne peut attendre que l’attente, qui en verra tellement encore dans cinq, quinze, ou vingt ans, patienter dans le grand hall désert de l’homme providentiel... Car ce brave type est enfin arrivé. J’aurais préféré un plombier, un maçon, ou un apothicaire mais que veux-tu, ça n’est plus à la mode. J’aurais préféré un type du peuple, prenant en main notre destin pour quelques années après avoir planté des clous comme menuisier, mais Ikéa™ : alors tant pis. Notre fascination pour les parcours de médiocres - avec ou sans l’ENA - est sans fin. Toi aussi petit, avant ma mort, il faudra que je t’apprenne une technique pour survivre, une technique que j’ai moi-même, au nom de principes moraux intangibles, jamais appliquée : cirer les pompes. Le petit Manuel (à défaut d’être intellectuel, déjà ça) a ciré celles de Rocard pendant si longtemps. Se tromper de cheval n’est guère inquiétant tant qu’on apprend les règles des courses. Pour peu qu’elles soient truquées, on y prend du galon. Alors mon fils, il faudra faire pareil. Excuse-moi de t’éloigner de Kipling, mais le temps presse, et voilà un grand exemple de réussite bananière comme il en faut.

Dès demain, nous aurons du white, du blanco !

Mais papa, tu peux pas lui pardonner ?

On peut pardonner une erreur, par un parcours d’erreurs : c’est alors une faute, au mieux une faute de goût, au pire une faute tout court...

Mais papa ?

Reprends du chocolat : ils ont gagné petit.