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Ma bagnole chinoise

jeudi 20 février 2014, par Grosse Fatigue

J’entends quelqu’un dire qu’il n’y a aucun risque. Qu’une grande marque française fasse des voitures laides depuis toujours, qu’elle finisse dans les bras des Chinois, tout cela est de bon augure...

Mais pour qui ?

Haruspice technologico-financier.

J’aime la parole des experts. Que ferait-on sans eux ? Quand les experts se prononcent pour le changement, c’est toujours bon signe : le changement est leur horizon. Je viens donc d’écraser ma radio à coups de marteau, ce qui plaît aux experts : il va falloir en racheter une autre. Je suis soulagé un court instant, les instants sont toujours courts quand on sait que les cons galopent en liberté de par le monde, et que ce monde n’est pas celui que l’on aimerait réserver à ses enfants. Le pire, c’est donc d’avoir des enfants. Seul, on peut se débrouiller et voir dans une haie ou un bosquet toutes les merveilles du monde, un monde presque suffisant. Mais pour les enfants, on rêve de prairies, de montagnes et de lacs, pas vraiment de fonds d’écran. Oui : ça dépend des gens. Je sais. Les cons sont là, ils croient, ils croissent aussi, comme si l’un n’allait pas sans l’autre.

Un con m’annonce donc, avant que j’en finisse avec la technologie analogique des ondes hertziennes, que c’est tout bénef’ pour la marque française de voir d’un côté mes impôts et de l’autre de l’argent chinois lui permettre de continuer cette merveilleuse aventure industrielle. J’en ai l’alarme à l’œil. Comment se fait-il que les experts oublient systématiquement ce que les Chinois ont en commun avec, par exemple, les Qataris ?

La dictature.

La dictature, François Hollande, petit épicier comptable, s’en fout. Il a jeté les prolos avec l’eau du bain et, comme disent les prolos de mon PMU à-côté de chez moi, « Il préfère les pédés aux ouvriers ceux-là ! » (véridique). Je suis intervenu pour préciser que j’étais moi-même fraiseur ET homosexuel, ce qui en a calmé plus d’un, avant que je ne leur avoue à tous que j’étais, en plus, tout-à-fait d’accord. Nous autres les pédés, on se débrouillait mieux du temps où l’on était des tantouzes, fanfreluches et cotillons, à l’Aznavour à sa façon. Les prolos tièdes ont levé le nez des pronostics chevalins, se sont regardés et m’ont confirmé leur penchant pour la gauche d’autrefois parce que, qu’ils m’ont dit, « Fatigue, tu causes bien ». C’était la moindre des choses. Le bon sens près de chez vous, c’est dans les cafés parfois. Puis nous avons parlé de la dictature pendant que Roy - ma conscience américaine - faisait un Euromillions, et que Li-Tong, ma pute chinoise, montrait ses seins à un SDF afin qu’il ait quand même sa part du gâteau. « Putain, on dirait des vrais ! » s’est-il esclaffé, l’œil brillant à nouveau pour quelques secondes.

La dictature : voilà avec qui l’Europe se prostitue, ne levant plus jamais le petit doigt ailleurs qu’au Burkina-Fasso au besoin, mais faire peur à Poutine quand on n’a plus le gaz à tous les étages, il ne faut pas y compter. L’Europe s’écroule depuis qu’elle n’est plus qu’une boutique haut-de-gamme. L’expert, avant de se taire, nous a précisé que la marque de voiture aurait dû faire du « haut de gamme » ou du « low-cost ». En restant dans l’entre-deux, elle se faisait battre par l’Espagne qui faisait du moyen pour moins cher. Allez dire ça aux prolos poisseux de Poissy, que pourront-ils y comprendre ? Les bénéfices sont aujourd’hui et pour toujours des idées abstraites qui transitent par le Luxembourg. La Chine va donc finir de nous assassiner et notre VRP en chef s’en donne à chœur-joie : que croit-il encore ?

Les prolos me répondent : Fatigue, t’as raison, mais tu oublies une chose ! C’est qu’il veut aussi en finir avec l’Etat, c’est-à-dire avec les fonctionnaires, avec l’artificiel ! En finir avec eux, c’est faire des économies ! Et de nouveaux millions de chômeurs ! T’oublies qu’on a tout automatisé et qu’on peut faire encore mieux ! Mais là, jouer sur les deux tableaux, c’est la fin assurée !

Sur ce, Roy prend la parole : « Et en plus, vous pouvez pas faire comme chez nous ! Ici, les pauvres restent en centre-ville, les nôtres vont crever dans le désert du Nevada ou sur le parcours : on a de la place ! ». Ah, les grands espaces ! Tu as raison Roy ! Viens-donc boire un café avec nous ! Raconte-nous ton pays ! C’est comment chez toi ?

« C’est comme un grand centre commercial ».

Là-dessus, les prolos ont replongé leur nez dans les pronostics de leurs horoscopes respectifs. En attendant que les Chinois nous envahissent, ils continueront à rêver.