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Les anti-IVG n’existent pas

lundi 20 janvier 2014, par Grosse Fatigue

J’en connais au moins deux. De proches en proches, ils sont suffisamment éloignés pour ne pas me contaminer. L’un porte son loden™ vert, l’autre la moustache. Les deux sont étonnement intelligents et cultivés : c’est toujours le propre de l’ennemi, et le plus décevant. Si seulement les intégristes religieux étaient des imbéciles.... Ceux-là ont la générosité de conserver leurs enfants trisomiques. Je ne sais pas si c’est une bonne chose : une vie de souffrance dans le bonheur béat de la propreté familiale, qu’en penser ? A coup sûr, ils préfèrent de loin le sacerdoce à la liberté, cette liberté qui nous oppresse, surtout quand on la laisse à leurs filles bigotes.

Mais ils n’existent pas vraiment. Car deux-mille quatorze ans après cette obscure affaire d’adultère dans une famille juive de Bethléem, où la mère infidèle inventa cette histoire de virginité maritale, où les idées du fils halluciné et plein de bonnes intentions furent sauvées au IVème siècle par un empereur en mal d’inspiration, si longtemps après, nous avons inventé la communauté de l’entre-soi, et ceux-là, autrefois dominants, austères et si sûrs du bon droit qu’ils n’en faisaient pas profiter les autres, ceux-là ne sont pas assez nombreux pour imposer leurs idées (?) réactionnaires à la masse de ceux qui n’ont pas d’idée du tout.

C’est bien la le problème, non pas des intégristes de tous poils (leurs femmes ont encore ces touffes étouffantes qui nous rappellent la moiteur de Brigitte Lahaie à cheval), mais bien celui de ceux qui n’ont pas d’idée du tout, la fameuse majorité silencieuse, si bruyante aujourd’hui. Pas plus tard qu’hier, une gamine jouait sur son téléphone un bruit rythmé pathétique non pas vers ses écouteurs, mais bel et bien vers moi, l’autre, le public, les gens. Ne sachant pas encore que ça ne se fait pas, elle fait partie de la nouvelle majorité sans valeur que les plus solidaires sauront retourner comme une crêpe après que les Américains aient fini par brûler les livres sur la Révolution Française en les scannant à haute dose : il n’y aura plus d’idées à opposer aux croyances, Houellebecq continuera à boire et Poutine nous fournira du gaz.

Déjà, chaque petit camp se fabrique son idéologie de pacotille. On y voit l’ennemi public N°1 et son mentor le N°2 raconter à ceux qui veulent bien y croire des choses sur l’inexistence des chambres à gaz, et la culpabilité des descendants de ceux qui ne furent jamais gazés : cela dépasserait les bornes si les vrais livres d’histoires étaient plus appréciés que Call of duty ou un autre logiciel d’entraînement à la prochaine guerre, mais ça n’est pas le cas. L’ignorance est aussi partagée que la connerie mais le contemporain se consume aujourd’hui au petit feu des opinions. Chacune a droit de cité, car chacun croit s’y connaître, ce qui facilite grandement le travail des idéologues du creux : on retrouve dans l’égout d’internet tous les goûts et toutes les couleurs, mais surtout le caca d’oie, en attendant le pas de l’oie des masses incontrôlables si l’on lit bien les sites post-11 septembre....

A ce jeu, nos catholiques intégristes ont beau faire plus de six enfants par couple qui ne divorcera jamais (on en reparlera), ils ne seront jamais suffisants pour endiguer ce qu’ils considèrent comme une quelconque diablerie : la liberté des femmes, nos coucheries consenties, et le contrôle des naissances. Ils ne peuvent être suffisants que de leur suffisance, celle qui, justement, est affichée sur leurs banderoles où l’on ne bande ni ne rock’n roll....

Oui, il faut être profondément bête pour refuser la contraception. Mais le pape lui-même, dit-on... Si l’IVG est autrement plus redoutable qu’une plaquette de pilules roses, elle est le revers de la médaille. Parfois, cher monsieur l’évêque, la pilule ne fonctionne pas, la capote explose (pardonnez mes mensurations), et j’en passe pour que vous arrêtiez de vous palucher gros dégueulasse. Ce ne sont pas les puceaux calottés qui vont nous empêcher d’aimer les femmes, ni leurs bonnes femmes guindées et surtout pas lorsqu’elles sont mariées avec leurs cousins.

Non, vous n’existez pas. Vous êtes morts et cela devrait vous plaire - n’êtes vous pas amoureux fou de ce que la mort est insensée de vous promettre ? Pauvre naïf, l’univers n’a pas de place pour vos paradis circonspects, vous devriez jouir de vos vieux corps même jeunes, la joie est parfois si étrange....

Donc.

Vous n’existez pas.

Moi non plus du reste.

Mais ça rassure.