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A quoi sert l’Education Nationale - Acte II

jeudi 21 novembre 2013, par Grosse Fatigue

C’est l’heure des parents d’élèves, des conseils de classe, des bilans. Je déteste les premiers, je ne vote jamais pour les élections des parents d’élèves. Je rêve d’un temps où l’on pouvait faire confiance aux maîtres d’école pour apprendre la grammaire comme on apprendrait le solfège, puis, par la suite, s’inventer sa petite grammaire à soi, quand on sera plus grand. Je rêve beaucoup, et, comme toute personne qui rêve, je rêve seul.

C’est donc l’heure des parents d’élèves et des notes et des bulletins en ligne. C’est aussi l’heure des rythmes scolaires - un comble dans un pays où l’on n’enseigne pas la musique - les rythmes scolaires sont la seule obsession morale d’un ministère inutile. Les enfants sont seuls après seize heures, il n’y a pas de crédit, on les laisse s’ennuyer comme la nuit qui tombe, et après ? Après rien.

Je redeviens marxiste.

Je sais que le gouvernement en place se moque bien des enfants des prolos ou des classes moyennes, des classes perdues. Ces derniers rêvent de sucettes en forme de Mickey™ (J’ai entendu deux mères tatouées en parler ce matin, sous la pluie fine et glaciale qui les laisse indifférentes), d’écrans plats ou d’abonnements à des bouquets sans fleur et sans parfum. Les thérapies numériques nous font une jambe de bois. Un père me dit qu’internet aide son fils à faire ses devoirs, avec la satisfaction d’avoir convaincu ce qu’il croit être moi : un enseignant. Je n’ose lui mettre la main sur l’épaule pour l’encourager, je n’ose même pas lui répondre.

Je redeviens marxiste parce que la gauche de pouvoir a abandonné les prolos depuis si longtemps, au profit de choses plus faciles et tout autant humanistes, jetées pêle-mêle dans le fourre-tout des minorités, de la diversité et de je ne sais quoi encore. Et pourtant, tout devrait être simple. Au lieu d’emmener les petits de la maternelle voir un film japonais en japonais (histoire vraie) sous-titré en français (ils ne savent pas encore lire) pour les "éveiller au monde", on ferait mieux de conseiller aux parents de pirater le sus-dit et de leur passer un samedi soir sur leurs fameux écrans. Le temps libéré permettrait peut-être de leur apprendre à lire ? Ou même à compter ? Il est vrai que la classe de CM1 est maintenant équipée d’un écran tactile géant relié à un PC sous Windows™ qui permet à mes enfants d’être à la fois plus cultivés, intelligents, ouverts au monde, et surtout ouverts à ces fumeuses NTIC, acronyme ringard mais si porteur d’espoir pour les gens qui n’aiment pas l’odeur poussiéreuse des vieilles bibliothèques. Le monde change et ça m’emmerde. Il me semble que peu de choses permettraient aux enfants de savoir lire et écrire, afin de mieux devenir des anarchistes, plutôt que de les aider à s’épanouir en grandissant dans l’ignorance des contraintes...

Mais que deviendrait la croissance si l’on se suffisait à s’échanger nos livres, nos disques et à manger juste un peu ? Qu’en diraient les Américains ?