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Dans la tente des jours un peu meilleurs - Une histoire de la globalisation

lundi 22 janvier 2007, par Grosse Fatigue

J’étais presque soulagé en apprenant que, finalement, la température de janvier allait baisser et que l’on reviendrait à des "normales saisonnières". Ce n’est pas tant le réchauffement global qui m’inquiète (c’est foutu d’avance) que la perspective de l’absence d’hiver et surtout celle qui ferait que les mômes n’auraient aucune chance d’apercevoir le moindre flocon de neige...

Mais faut-il être bête pour s’en réjouir, en regardant ces types dans des tentes devant l’église et à côté du marché le samedi matin. Le froid les guette alors qu’il nous enchante, tant que l’on conserve de quoi s’en protéger. Et puis, en les regardant, je me suis dit quand même, en voilà du paradoxe...

Ces types-là, l’été, traînent avec leurs chiens à longueur de journée, faisant la manche pour avoir de quoi se payer un ou deux piercings supplémentaires et quelques bouteilles de gros rouge. Ils font peur aux bourgeois et aux enfants, aux enfants de bourgeois et aux autres, etc. C’est pas de leur faute à eux, c’est de la faute à personne, et sans doute à la société, mais laquelle, allez savoir.
Toujours est-il que grâce aux ouvriers chinois qu’on ne paye pas, ils peuvent dormir dans des tentes et face à nous, là, pour nous culpabiliser, alors qu’autrefois, ils se seraient contentés de cartons. D’un autre côté, si l’on n’avait pas envisagé de refiler la fabrication des tentes aux Chinois (ou aux Indonésiens), mais qu’on essayait de leur confier (en supposant qu’ils acceptent de fabriquer des tentes), ces tentes coûteraient plus cher et se vendraient moins (il y aurait moins de SDF à loger dedans et les campeurs solvables préfèreraient en acheter des moins chères...). Je suppose évidemment que ces types dans les tentes ne sont pas ingénieurs en informatique mais plutôt sans qualification précise.

Vaut-il mieux leur faire fabriquer des tentes qu’on ne vendrait à personne pour qu’ils se retrouvent à la rue une fois l’usine française de tentes fermée ou les laisser à la rue dans des tentes pas chères qu’ils ne fabriquent pas eux-mêmes ? Non, ça n’est pas une blague. C’est, d’un point de vue strictement économique (sans utopie aucune, hélas), la triste réalité. Et cette triste réalité saute énormément aux yeux les jours de janvier.

J’en étais là de mes délires quand j’ai repensé aux programmes économiques de nos larrons politiques. Que répondraient-ils à ma question ? Quel job va-t-on donner à ceux-là ? Pour l’instant, tout le monde s’en fout. Et d’ailleurs, j’ai même l’impression que c’est au pire passé de mode, au mieux une insulte que de parler d’emploi. L’arbre cache la forêt et l’on préfère nous dire que des "SDF ont souvent un emploi". Peut-être, mais dans quelle proportion ? Ceux que je décris n’ont pas d’emploi. La preuve : ils passent leurs journées complètes au même endroit, bien que la plupart des loyers en province permettent à ceux qui ont un emploi d’être mieux logés que les mêmes à Paris... On ne parle donc même plus d’emploi en termes politiques. On parle de droit au logement, mais pas d’emploi. C’est quand même pas la honte un emploi ? Et quand on dit "n’importe quel emploi" comme je l’ai fait dans mon texte précédent, la gauche toute entière vous saute à la gorge. Ben merde alors !

En même temps, si l’on donnait à ceux-là ce que gagnent les ouvriers chinois en Chine, c’est-à-dire pas grand-chose, on comprend aisément que la rentabilité du produit "tente" serait en chute libre et qu’on tenterait de les faire fabriquer par d’autres lointains, la faim au ventre. Il va donc falloir s’habituer à vivre comme au XIXème siècle ici ou comme au Brésil maintenant : avec un lumpenproletariat foutu d’avance, exposé en vitrine à Noël. Ben merde alors, donc.

En attendant, on reste dans l’attente...

Messages

  • Salut Fatigue
    J’espère que tu t’es mis à écrire , et à jeter et à recommencer...à vivre quoi !
    En J.M. Sylvestre t’es pas bon , encore plus déprimant que lui.

    Mords-y l’os

    Le Furtif

    • Ca pue le gauchiste plein de bons sentiments dans ces commentaires.
      Alors que notre deficit d’exercice annuel tourne autour des 40 milliards d’euros, que la dette est passé sous Mitterand de presque nulle à 500 milliards d’euros, et a (plus que) doublée sous Chirac pour atteindre 1200 milliards d’euros, que notre taux de chômage flirt continuellement avec les 10%, qu’un 15 mètres carrés à Paris coûte 300 000 euros... certains trouvent moyen de se réfugier dans les bons sentiments à la Bové qui va changer le monde. Pourquoi ?

      Certes, ni de Ségo, qui ne croit pas un mot de ce qu’elle dit - GF, tu vas pas faire ca quand même ? - ni de Sarko qui croit tout ce qu’il dit - Ouch ! - nous ne pouvons esperer un profond changement. Mais ces personnes restent dans une lignée (avec le copaing Bayrou) démocrate.
      Que se passe-t-il en France ? Est-on le seul pays européen assez con pour donner 18% de voix à notre extreme droite et encore croire aux balivernes de notre extreme gauche ?

      Peut être parce que pendant les 20 dernières années, alors que tous les partis socialistes d’Europe se modernisent et adoptent la sociale-démocratie, on a eu en France des Mitterand et Chirac qui n’ont rien vu d’autre en politique interieur que leur propre nombril. Les chiffres parlent d’eux même, la situation aussi, le 21 avril également, et j’en passe.

      Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut céder au populistes extremistes. Et il ne faut pas avoir fait Science Po, SupdeCo (cqfd) pour comprendre qu’avec l’image des tentes qu’on fabriquerait en France (dans le cas d’une politique ultra protectionniste), les SDF ne serait pas moins dans le pétrin.

      Une voiture ne roule pas sans moteur. Un type ne travaille pas sans qualifications :
      Au Danemark, on oblige au bout de 12 mois de chômage à suivre une formation. Le taux global en est considérablement réduit, chacun cherchant un poste avant la-dite date.
      En Allemagne, deux partis rivaux, le SPD et le CSU ont formés un coalition. Le pays ne s’est pas porté aussi bien depuis quelques année. les réformes avancent.
      En Espagne, en Finlande, Norvège, les partis se modernisent (au lieu de se focaliser sur le passé). Ils s’adaptent au monde d’aujourd’hui. Il tirent les leçons du passé.
      Les résultats sont là.

      S’il fait soudainement froid, je ne reste pas dévétu en disant qu’avant, quand il faisait chaud, on y arrivait dévétu. Non. Je m’habille.
      Et vous ?

      Voir en ligne : le pourquoi du comment

    • Te revoilà, GF. Tu m’avais fait l’affront de fermer le jour de mon anniversaire. Salaud, tu nous manquais, à moi en tout cas.
      J’ai failli partir en Islande pour ne plus revenir. Bref, j’annule mes billets.

    • Concernant la dette, vous dites n’importe quoi, juste un rappel : lorsque petit nicolas sarkozy de nagy-bocsa maire de neuilly était ministre du budget de baladur, la dette est passée de 1000 Md de Frs à 2000 Md de Frs.
      ==> La droite a l’habitude d’augmenter la dette aux seuls fins de limiter les marges de manoeuvres de ces successeurs : le "moins d’Etat" est garantie par leur augmentation de la dette !

      Quand aux chiffres du chomage, les anglois et danois cachent leurs chomeurs derrière des "malades", mais la méthode Borloo et Sarkozy reste la meilleure : traquer le chomeur jusque dans les chiottes ! C’est d’ailleurs la toute 1ère fois que l’INSEE se censure en prétendant que son enquête sur le chomage en 2006 et qui montre un taux de 9,6% (dixit 2 administrateurs INSEE d’après mon Canard préféré) n’était pas diffusable (les taux de réponse y étaient pourtant les mêmes que d’habitude).

      Les danois ont raison d’aider au retour au travail leurs chomeurs et ils le font avec des formations et un suivi très lourd de chaque dossier...et çà marche mais je ne vois pas comment le petit roi nicolas pourra donner plus de moyen à l’ANPE en supprimant 1 fonctionnaire sur 4

      Et pourtant ce bâtard de noble ne perd rien pour attendre, la gauche changera çà quand elle sera au pouvoir :
      - en changeant les institutions (adieu sénat et bonjour référendum d’initiative populaire)
      - en redonnant de la liberté à nos médias (Les lagardère, bouygues, dassault vont adorer çà...)
      - en rétablissant la justice pour tous (même pour la racaille de neuilly qui se croit au dessus des lois en se permettant des délis de "prise illégale d’intérêt" gros comme la poutre dans nos yeux)

      A moins que, malgré 5 ans d’une droite omnipotente, les français souhaitent se reprendre une bonne droite dans la gueule ! Et le 1er qui vient me dire que Simplet les grandes oreilles a changé, je lui rappelle que tous les députés UDF ont été élus par les reports de voix de l’UMP !

    • Bien vu le titre aveuglement...
      Ni la droite (bien évidemment), ni la gauche ne changeront notre pays. Il est désormais entre les mains des plus riches et rien, à part - peut être - une nouvelle révolution ne le fera revenir à un peu plus de mesure et de "propreté". Je vous vois lecteur du Canard (moi itou) et donc, je me demande comment il vous est possible de rêver encore à une gauche qui change les institutions, redonne la liberté aux médias et rétablit la justice... Bref, j’ai perdu mes illusions et je vous envie d’en avoir encore. Cela dit, heureusement qu’il y a encore des gens optimistes - comme vous - pour filer un coup de pied au c.. de ceux qui ont oubliés que - presque - toutes les avancées sociales de notre pays ont été faites sous un gouvernement de gauche et qui, pour le coup, sont attirés par le chant des sirènes de droite ou du centre.

  • Les autorités chinoises essaient de mettre en place une protection minimum pour leurs salariés, parce que ça coûte cher de mater les émeutes.
    Mais les grandes entreprises qui fournissent du travail aux chinois sont pas contentes et essaient de les en empêcher.
    Eles vont aller porter ailleurs leurs commandes

  • tt ce que tu dis est vrai mais malheureusement aucun de nos "politics" ne sont assez courageux pour donner ce genre d’info:impossible a formuler pour la gauche(aveu d’impuissance),de meme que pour la droite liberale defendant la globalisation(de tte facon defendue ou non,elle s’est deja installee !!!).si seulement les baveux en parlaient dans leurs papiers...ca ferait peut-etre reflechir les gens...merci de publier ce genre d’info.

  • Toujours en parlant de chinoises, ya un patron qui s’en était fait envoyer un lot pour son usine en Roumanie.
    Il vient de demander un échange standard, on lui avait refilé des chinoises qui prétendaient à un doublement de salaire, quel culot, sous prétexte que leur esclavagiste leur en prélevait la moitié. On lui en a renvoyé d’autres après avoir rapatrié les premières.

    L’être humain n’étant pas une marchandise comme les autres, on les a soigneusement emballées avant de les mettre dans la soute à bagages.

  • Comme si Sarkolène ou Ségozy pouvaient y changer quoi que ce soit, à l’emploi.

    M’en veut pas, monsieur Fatigue, mais je préfère quand tu parles des trains-tout-court, plutôt que des trains de mesures... Je lis du mélancolique constructif, et c’est bien.

    • Je t’en veux pas. T’en auras un jour, sur du papier... En attendant, j’ai envie de parler un peu politique. Y’a tellement d’abrutis qui font du bruit, alors moi je !

  • A vous lire on a toujours cette impression que tout est toujours sans espoir, que le mur est devant nous et que de toute façon on va s’exploser la tête dessus.
    Faut-il en permamence se flageller ?
    Avez-vous essayer de regarder ce qu’il y a de positif dans les gens qui vous emmerdent pour savoir comment construire sur ce positif ? Plutôt que de focaliser sur leur négatif sur lequel il est toujours plus facile de s’acharner et qui nous permet de nous dédouaner de ce que nous sommes pas capables de faire.

    • A vous lire on a l’impression que vous êtes particulièrement con. Mais c’est normal, les abeilles sont des esclaves...

    • Ce qu’on retient quand on vous dit que vous êtes conne c’est c’est cette assurance de savoir qu’on ne peut que progresser.

      L’abeille est une et innombrable, elle ne défraie pas la chronique et ce qui n’est pas utile à la ruche ne l’est pas non plus à l’abeille.
      Les abeilles passent leur journée à baiser voluptueusement le fond des fleurs et à la fin de la journée quand elles ont fini de butiner elles retournent se fondre dans l’anonymat de la ruche.
      Il n’y a des esclaves que s’il y a des maîtres, l’abeille revendique le droit de n’être personne au sein de l’essaim.
      Qui sait peut-être en existe-t-il quelqu’unes prêtes à se brûler les ailes dans les alvéoles bétonnées façonnées par les hommes, mais là encore pas d’esclaves juste des prisonnières

    • Bé non, les abeilles, elles vivaient leur petite vie d’abeilles peinardes, et de temps en temps yavait un mec qui venait leur piquer du miel. Elles s’en foutaient un peu, yen avait assez pour tout le monde.
      Après, ça s’est gâté, mais c’est vraiment pas la faute des abeilles si on leur a ôté la liberté.

      Libérez les abeilles !

    • mc t’es partout...

      Grosse Fatigue, c’est une pointure ! Qu’est-ce qui lui a pris de se sentir comme Begbeider ? a rêver comme un adolescent de faire des livres ?

      Grosse t’es parmi nous même si tu fais le fier ! on t’imprimait pour tapisser nos chiottes ! Viens, Grosse, t’es pas tout seul...

      Ton écriture en a pris un méchant coup depuis que tu as quitté ceux qui t’écrivent ; allez, écoute, te laisse pas pomper le sang par les sangsues éditoriales. Tu as un public, qu’est-ce-que peut te foutre un plateau télé ?
      La reconnaissance ? La consécration des libraires ? Vivre de son art ?

      Oh tiens, reste ! Fais comme tu veux ! Si tu crois que tu vaux mieux que les autres...

  • C’est Coluche je crois qui disait que les gens ce qu’ils veulent au fon c’est pas du boulot, mais de l’argent !
    ben en voilà un programme politique : si ya pas assez de boulot pour tout le monde (et là mon oeil !j’en connais qui partagerait bien leur temps de travail avec d’autres....), distribuons l’argent (et là c’est sûr y’en a des masses : "yaca" le prendre !)....et on pourra acheter les trucs made in china ou n’importe où à leur juste prix...et donc payer un peu plus cher les salariés du monde....et donc répartir à nouveau les lieux de production (etc, la boucle quoi !)
    voilà juste comme ça, une idée....pour des "candidats de gauche" !

  • Je suis venue errer sur ton site, espérant voir de la lumière, rien.
    Alors j’ai glan(d)é un peu dans tes anciens trucs, je suis tombée sur "Libérez Marcel et Bernard". Pourquoi ça m’a accroché, ces deux prénoms ? Ca avait un pti goût démodé de prolo à l’ancienne, un vieux et un moins vieux. En plein dans le mille.

    Du coup, j’y comprends plus rien : t’as écrit ça et tu vas voter pour Ségolène ? Pour son sourire paisiblement implacable ? J’y crois pas, c’est une mauvaise blague que tu nous fais.
    Toi aussi, tu es ôtage, on t’a ôté quelque chose.

    Libérez Grosse Fatigue !

  • Pas de remarque particulière sur tes ecrits. Ravie de pouvoir relire quelques textes !!
    Adiou