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Colère : Finkielkraut, c’est la merde.

mercredi 16 octobre 2013, par Grosse Fatigue

Je viens de finir l’essai de Finkielkraut. J’en pense presque la même chose que ça.

Finkielkraut cite beaucoup, accuse les bobos, pense qu’il n’y a pas de métissage. Il s’attaque à ma propre histoire dans La guerre est déclarée, il parle des Français de souche dont je fais partie, y’a pas de quoi être fier. Et des instituteurs en banlieue. Il parle de la fin du monde, qu’il a encouragée avec ses copains Bourdieu et Foucault, qu’il dérida avec ses histoires drôles d’autrefois. Aujourd’hui, plus d’humour, du noir. Les Noirs, il ne les aime pas. Il faut dire que je le comprends : il ne connaît que les représentants américains du CRAN. Les Arabes, il ne les aime pas non plus. Je le comprends : il ne connaît que les identitaires de l’Islam engagé, les mauvais élèves du halal, les couvertures de Valeurs Actuelles.

Et pourtant, j’étais prêt à adhérer. Je prends le train assez souvent pour voir la politesse disparaître et des gamins écouter leurs bruits à eux à tout va, histoire de nous dire, dans le seul vocabulaire anglais qu’ils croient maîtriser : Fuck you. J’étais prêt à aller au combat contre les identités en général, au nom de l’universel, pas au nom de l’Europe en tant que telle, mais au nom de Voltaire ça m’allait bien, voire au nom de l’anarchie bien entendue, ni dieu ni maîtres, sauf pour la musique où un bon maître nous fait avancer plus vite.

J’étais prêt à le suivre pour les Beurettes (Dit-on encore comme ça ?) et j’ai aimé son hypothèse de la Galanterie française, même si ça fait vieux jeu. Il faut savoir être d’un autre temps, ça permet de vivre vieux et sans complexe.

J’étais prêt vraiment à critiquer le relativisme ambiant qui voit dans toutes les cultures et toutes les religions et toutes les musiques des équivalents alors que j’y vois le plus souvent de la merde - ce mot que Finkielkraut déteste - mais qui résume bien les choses. C’est la merde ! Tout est culture surtout si l’on parle de marchandise. Et j’insiste : toutes les cultures ne se valent pas, il suffit de parler d’excision ou de la religiosité américaine pour être d’accord avec moi.

Je suis en colère ce matin. Que des conneries à la radio. Il pleut. J’ai envie d’étrangler le chat qui vient de déchiqueter un rouleau de Sopalin™. Il pleut des chômeurs en masse par les ondes de la radio. On n’a plus besoin des gens. Tout est automatisé ou tout est chinois. Je me demande ce que seraient les banlieues s’il y avait encore du travail. C’est l’hypothèse marxiste. Boufferait-on hallal si les chaînes de montage étaient encore à la mode ? Il faudrait aller voir en Chine. Ce serait peut-être pareil. J’entends Copé sur Radio Classique. Sait-il réparer un vélo ? A-t-il déjà eu les mains sales ? J’écoute France-Inter, la même chose à l’envers. Du rap pour les bobos, je pense à Finkielkraut en zappant sur TSF Jazz qui ne m’annonce rien et passe en boucle une vieille boss-nova lassante. On s’enthousiasme sur des chanteurs à deux balles et trois mots creux, musique deux accords, petite voix. Tout ce veau, c’est lassant.

Mais le pire, que je partage sans enthousiasme avec Finkielkraut, c’est la suite : je n’ai aucune idée, mais alors aucune idée sur ce qu’il conviendrait de faire pour que les enfants aiment Coltrane ou Bach. Mais alors, rien.

Et France-Inter repasse une merde anglaise en boucle.

C’est la merde.