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Travailler quarante-trois ans dans une usine à gaz

lundi 7 octobre 2013, par Grosse Fatigue

Comme la marée le débat sur les retraites revient à nouveau sur les ondes de ma radio. Je l’entends de loin je ne comprends pas pourquoi des gens en débattent encore. Je sais bien que j’ai fui l’arithmétique au temps antique où j’étais encore enfant mais il me semble que travailler quarante-trois ans, pour Olga ma caissière par exemple, c’est la priver des joies d’aller visiter les villes aux liftings architecturaux dans lesquelles on lui fera presque croire qu’elle est :

- belle
- libre
- cultivée
- moderne
- à la mode

Rayez la mention inutile. Adieu Barcelone, Nantes, New-York city ou Berlin, adieu Marseille. (Je plaisante).

Car même en travaillant quarante-trois ans Olga ne sera jamais chef des caissières de son supermarché ni même d’un autre et - à moins de gagner au loto mais nous sommes nombreux sur les rangs - il est peu probable qu’elle s’en sorte vivante. Il y a beaucoup d’Olga un peu partout en France sans compter les Tunisiens de جرجيس qui comptent pour beaucoup venir ici planter des choux, les exilés du Soudan ou de Somalie, les Américains avides de liberté réelle (boire du vin, aimer les femmes, prendre son temps) certes peu nombreux, les Polonais plombiers ou les Polonaises bimbos, rayez encore la mention inutile.

Dans les lois sur la retraite, on ne fait que rayer les mentions inutiles sans le moindre effort. Car tant de gens sont aujourd’hui inutiles dès la naissance, tant les automates leur grillent la politesse et permettent aux actionnaires de survivre, surtout s’ils sont eux-mêmes déjà à la retraite d’un fond de pension américain, à Miami Beach comme vous le savez déjà... La minorité travailleuse va donc devoir travailler encore plus longtemps à moins que, dans un élan américain, on ne décide de libéraliser tout cela : et l’on travaillera jusqu’à plus soif, en changeant de caissière tous les quatre matins, en travaillant soirs et week-ends (pardon ami Québécois), bref en faisant n’importe quoi dans une société sans projet réduite à l’économie de marché. Au milieu de tout cela on trouvera encore des gens pour écrire des choses, comme il en subsiste plein aux Etats-Unis. Marine Le Pen sera présidente de trente millions d’absentionnistes attendant un éventuel débarquement allez savoir.
Oui : c’est la fin du monde. C’est une fin lente, un déroulement, un tapis roulant aux conséquences évidentes, à moins qu’une grande catastrophe ne nous unisse tous l’espace d’un instant de solidarité nationale - disons, cinq minutes ? - dans le souvenir de ce que nous devrions être.

Mais les grandes catastrophes, ça va, ça vient.... Autant les attendre en évitant les drive pour qu’Olga puisse encore travailler longtemps.