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La caissière et le rayon presse

mercredi 29 mai 2013, par Grosse Fatigue

La caissière est noire je ne sais pas d’où elle vient sans doute d’un immeuble réhabilité en petite résidence parce que l’environnement fait l’homme. Elle a grossi en quelques mois. Toutes les caissières s’empâtent. C’est un métier d’avenir pour les mannequins anorexiques. Il suffit de s’assoir et de faire du gras.

C’est terrible parce que la caissière noire était plutôt fine et jolie, joyeuse comme un Italien quand il sait qu’il aura de l’amour et du vin, c’est du moins ce que j’avais essayé de lui chanter avant que je ne découvre son tatouage sur le sein droit. Ainsi donc, elle était comme les autres.

Aujourd’hui, enfin, déjà hier, je suis passé à la caisse avec du poisson et des yaourts, des gens comme cela devant et derrière moi. La caissière noire faisait face au rayon presse où les plus vieux regardent le canard local, les plus jeunes les journaux people pour apprendre à être conforme. Et puis il y a les torchons d’extrême-droite bien en vue. L’un d’eux titre (2013, quand même) : "Race et intelligence". A coup sûr on peut parier que la race d’extrême-droite n’est pas très intelligente, ou du moins innovante. Car l’intelligence, si elle existe, et si l’on peut la définir comme l’inverse de la connerie, est égalitaire et bien répartie. Si Miles Davis avait eu le droit de faire des études d’architecture, nul doute qu’il aurait lui aussi pondu de grandes théories sur la meilleure manière d’abriter le peuple dans du collectif ayant du sens. N’ayant le droit que de faire de la musique, son intelligence nous émeut encore.... Pendant ce temps-là, Le Corbusier construisait la maison du Fada à Marseille. Et ça n’est pas le dernier.

Si l’on avait, un jour, interdit aux blancs d’exercer des activités interdites aux noirs, les caisses des supermarchés seraient toutes automatisées.

J’en parle à ma caissière qui me prend ; à son tour ; pour un sacré fada. Elle me répond en sabir de banlieue - car elle est jeune, elle - qu’elle n’en a rien à foutre et qu’elle fait son boulot. Si des gens veulent croire à ça, c’est bien leur droit. Elle-même est sans doute Témoin de Jéhovah ou Adventiste du dernier jour d’avant le week-end, alors qu’est-ce que ça peut foutre ? Ce qu’elle veut, c’est continuer à être caissière, parce qu’elle n’a aucune imagination.

Elle est elle-même la preuve que, s’il existe des races de chiens - ces bestioles sont de plus en plus consanguines et crèvent en traînant l’arrière-train- la race humaine est très homogène. D’un côté les rêveurs, de l’autre les autres.