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My future is in my past.

jeudi 16 mai 2013, par Grosse Fatigue

Angelina Jolie n’a plus de jolis seins [1]. Je préfère largement lire Philip Roth pour entendre parler du cancer du sein. Mais là n’est pas le problème. Le problème est statistique. Peut-on éviter les statistiques et celles que l’on met dans le même panier : les probabilités.

Car nous voilà connaissant l’avenir. Angelina sait qu’elle a une probabilité élevée d’avoir un cancer du sein, un cancer de l’ovaire. C’est inscrit dans ses gènes. La carte de son génome a révélé tout cela, qu’elle savait plus ou moins déjà, sa mère ayant été emportée par l’un ou l’autre. Je trouve la démarche fascinante. J’imagine que de nombreuses femmes dans la même galère feraient la même chose - que dis-je, feront la même chose et, d’un coup d’un seul, je ne comprends pas pourquoi les fumeurs persistent, et les fumeuses avec.

Je ne comprends pas non plus pourquoi les imbéciles roulent toujours si vite. Je ne comprends pas pourquoi les probabilités les plus simples sont les moins comprises, alors qu’Angelina est allée chercher dans son patrimoine génétique pour trouver une probabilité des plus scientifiques. Et des plus compliquées.

J’avais moi-même une forte tendance à la connerie. Je lutte. J’ai peut-être une probabilité de cancer mal placé. Celui du séant est pire que Guéant quand il nous parle d’art. Mais je n’en sais rien. Je ne veux pas savoir ce qui va m’arriver à cause d’un vice caché. Je préfère reprocher tout cela au vendeur de Darty™ quand il me vend un lave-vaisselle de catégorie "A" qui m’oblige à tout relaver à la main.

Personnellement, comme disent les idiots, je ne veux pas d’étiquette sur le front. Ou alors, le plus tard possible. J’imagine déjà un futur américain, une loi "Jolie" ou juste un amendement en modèle, qui obligerait le futur géniteur à montrer sa carte d’identité complète, caractères récessifs et mauvais caractères en prime. De quoi suis-je porteur, et en quoi est-ce ma faute ?

J’imagine que l’on pourrait s’améliorer dès la naissance, avec un peu de chirurgie génétique. Je ne serais plus jamais chauve, je verrais bien, j’aurais de bonnes dents et vivrais jusqu’à cent ans. Mais pourquoi faire ? Pour ne pas souffrir bien sûr. Mais encore ? Pourquoi pousser le bouchon trop loin ?

Angelina, ma belle, tu avais quand même 13% de chances de voir tes seins se flétrir le plus normalement du monde, alors que là, tu as 100% de chances d’exhiber tes nouveaux faux seins ad vitam aeternam. Et puis, avec les moyens que tu as, tu pouvais te les faire scanner, les vrais, quasiment tous les jours au cas où. Alors pourquoi prendre les devants ? Qu’avais-tu donc à craindre à ce point si ce n’est que tu as peur de ce dont tout le monde a peur aujourd’hui ?

Car de quoi a-t-on peur aujourd’hui si ce n’est du hasard ?