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Le polychieur

dimanche 6 novembre 2011, par Grosse Fatigue

Je lui dis que c’est impossible. Même après des années de batterie à travailler des polyrythmes, j’ai un mal fou à faire deux choses à la fois. Elle me regarde, les yeux illuminés par la lueur de l’écran de son ordinateur portable. Je lis dans sa pupille qu’elle est sur Facebook, et son physique s’éteint alors petit à petit. Quelle déception. Elle téléphone aussi. Tout en écoutant ce qu’elle appelle de la musique. Je suis ravi de ne pas avoir son âge. Cinq minutes auparavant, je trouvais ça terrible, de ne pas avoir son âge. Mais je remercie Steve Jobs et ses amis d’avoir fabriqué autant de machins à donner des illusions aux gens d’autres générations. Je me demande s’ils ne l’ont pas fait exprès, simplement pour que les consommatrices jeunes et désirables ressemblent à des quiches industrielles.

La polychieuse est de celles-là. Elle me garantit qu’elle écoute mes cours bien que son ordinateur vibre d’autre chose. Elle me filme avec son téléphone. Elle pense déjà mal à l’avenir. Elle reste concentrée cinq minutes quand on lui pose une question. Pas plus. Elle pense que c’est une force incroyable d’être capable de faire autant de choses à la fois. Et le pire, c’est qu’on l’encourage. Ses parents, d’autres profs, les plus jeunes souvent parce qu’ils sont comme elle. Ils me font bien rire. Ils me disent, en répondant au téléphone : "C’est clair". Ah les cons.

Ils me disent : "Les étudiants, il faut les maintenir en attention, il faut les réveiller, changer de ton, raconter des histoires vraies, ne pas répéter la même chose, et puis, avoir un bon pauwerpoint™."

Sauf que ça n’existe pas. La pédagogie, c’est la répétition. Il faudrait faire la même chose suffisamment longtemps pour que ça rentre. Répéter. Répéter. Répéter.

Ça s’appelle être gâteux.